Wolfhounds

Cette Oldies tombe à point nommé puisque si l'on en croit leur site, The Wolfhounds are open for business in 2011. Des concerts de reformation ont même déjà eu lieu. N'étant pourtant pas un grand adorateur de ces reformations à foison, ça sera peut-être l'occasion quasi inespérée de voir enfin en concert les cheveux grisonnants de cet amour de jeunesse. L'histoire avait pourtant bien mal commencé. Je ne vais pas vous raconter ma vie mais le fan transi que j'étais à l'époque avait décidé d'envoyer quelques questions primordiales aux Wolfhounds, qui ne soupçonnaient pas l'immense privilège qu'ils avaient eu d'avoir été choisi par un fanzine naissant dans une obscure chambre de bonne. Internet était encore un mot inconnu en 1990. C'est donc une belle lettre manuscrite, avec un timbre non moins splendide, qui était parti vers Londres. Le groupe a splitté une semaine plus tard. Je n'y vois aucune relation mais autant dire que la réponse, je l'attends toujours.

Mais rembobinons le fil de l'histoire. 1985, Romford, ville anodine dans la banlieue de Londres. Dave Callahan, Andy Bolton, Paul Clark, Frank Stebbing et Andy Golding forment les Wolfhounds.
1986, année de vache maigre musicale. 1986, l'année durant laquelle le NME tente de créer une scène avec sa fameuse compilation C86 que tout le monde aime détester. Le dernier en date se nomme Bobby Gilepsie dans le Noise n°3 : On s'est retrouvés associés par la presse à toute cette scène merdique qu'il y avait à l'époque. Il est vrai que le Primal Scream de 1986 était une belle bouze (qui n'a fait qu'empirer quand il s'est mis à l'ecstasy) mais il n'est pas obligé de prendre son cas pour une généralité et de cracher sur les petits copains. Outre les Wolfhounds, figurent au générique les Bogshed, Big Flame, Wedding Present avec effectivement quelques autres groupes accompagnant très bien les Primal Scream dans leur médiocrité.
Mais les Wolfhounds n'avaient pas attendu ce coup de projecteur pour être publié. Leur premier disque remonte à tout début 86. Un maxi ou 12'', c'est pareil, c'était la grande mode dans les années 80 et Wolfhounds va en enquiller une palanquée.



Cut The Cake
est le nom de ce maxi sur The Pink Label, comporte quatre titres mais Cut The Cake, le morceau, n'est pas spécialement le titre phare. Sur la face A, L.A. Juice et Another Hazy Day on the Lazy " A " sont deux grands titres qui vont devenir des classiques de leur répertoire. Descendants des groupes écossais comme les Fire Engines et Josef K, des groupes à guitares acides comme Big Flame et des incontournables The Fall, The Wolfhounds amène la pop dans ces derniers retranchements, la malmène, pop rempli autant de colère que d'amertume. L.A. Juice avec les cris de chat échaudé de Dave Callahan et le jeu tout en nerf des deux guitares place d'entrée de jeu la barre très haute. Avec Another Hazy Day on the Lazy " A ", c'est vers la Nouvelle-Zélande et la scène de Flying Nun records que l'on se tourne. Un titre magnifique, mélancolique, batterie très discrète et mélodie à tomber. De l'autre coté de la face, Cut the Cake apparaît beaucoup plus joyeux et là encore, le travail des deux guitaristes, Andy Golding et Paul Clarke, est remarquable. Seul titre qui ne figurera jamais sur d'autres disques des Wolfhounds, Deadthink est sans doute le titre le moins catchy du lot mais est révélateur de l'attitude des Wolfhounds. Un groupe qui n'est pas là pour vous caresser dans le sens du poil, un groupe en dehors des modes, un groupe pour qui on cite aussi souvent Go-Betweens et Pop Group pour les influences. Deathink rue plus dans les brancards et montre une facette moins pop de leur talent et que l'on retrouvera plus tard dans leur musique.



Avant de passer à leur second maxi, un détour vers un format totalement désuet, qu'on est sûr de jamais le revoir sur le marché, le dénommé flexi. Quoique qu'il ne faille jamais jurer de rien, les maudites cassettes sont bien revenues à la mode chez le punk branché. Le flexi disque, c'est le même format que le 45 tours sauf qu'il est tout mou et transparent et s'insère parfaitement dans les fanzines qui en étaient très friands dans les années 80. Et justement, le split flexi entre les Wolfhounds et Razorcuts est sorti dans le n°5 de The Legend en 1986. Razorcuts, c'est toute la pop comme on aime cracher dessus. Mièvre, sucré avec un vernis noisy qui ne fait craquer personne. Les Wolfhounds, avec ce support d'un autre temps, sonne comme un groupe garage sixties, un poil plus énervé certes et ce Rats on A Raft, titre totalement inédit et inconnu, quasi anecdotique de leur répertoire, ils ont le toupet de toujours le jouer en 2011.



En 1986, toujours sur The Pink Label, fondé par Paul Sutton et Simon Down sous la bienveillance de Creation pour qui Simon Down travaillait depuis le début, les Wolfhounds sortent le maxi The Anti-Midas Touch. Comme souvent dans cette première partie de vie de Wolfhounds, on pense être confronté à un morceau pop classique et relativement inoffensif. La mélodie est de suite identifiable mais rapidement elle vous prend à revers, les guitares s'excitent, la voix particulière et qui ne laisse personne indifférent de Callahan vous donne envie de serrer vos petits poings bien dodus et le ton guilleret du morceau s'envole vers une contrée bien moins confortable. Les deux autres titres de la face A, Midget Horror et One Foot Wrong, ne se trouvent pas sur les formats longs à venir, au contraire de tous les titres principaux des maxis et ça peut se comprendre. Dès que la mélodie n'est plus présente ou qu'elle faiblit, les Wolfhounds deviennent un groupe raffûtant et se débattant dans le commun. Tout le contraire de la face B. Slow Loris est un instrumental de haute volée, nerveux, subtil, aiguisé et les mots me manquent pour Restless Spell. Mon morceau préféré de tout leur damné répertoire, ma petite faiblesse qui me donne envie de courir nu dans les blés ardents, les testicules fouettés de bonheur par les épis en pleurant à la lune. Cette tendre mélodie douce-amère, ces arpèges de guitares célestes, cet harmonica joué par un certain Andrew Springham et qui ferait fondre n'importe quel cow-boy tanné, cette tension dans la voix de Callahan qui se retient de ne pas exploser, tant de délicatesse et de génie, c'est presque une incongruité chez les bouffeurs de pudding.
Ce maxi est aussi sorti en version single avec The Anti-Midas Touch et bien sûr, Restless Spell en face AAAA.

The Wolfhounds n'est définitivement pas un groupe de pop comme les autres. Ils n'appartiennent à aucunes scènes, désolé Bobby, montrant bien plus d'intelligence que la moyenne des groupes de l'époque. Bobby compris. Un groupe à la réputation inflexible, pas prêt à faire n'importe quoi pour attirer les sirènes du succès et aux paroles qui ne narraient pas des histoires d'amour mais parlaient d'aliénation et autres sujets aussi glamour.

Je ne vais pas me lamenter à ce sujet. Je n'ai jamais espéré que les gens s'attachent à nous. Nous ne sommes pas à la mode, nous n'avons jamais essayé de l'être. Je n'ai jamais aimé les disques à cause des vêtements portés par les groupes ou à cause des choses qu'ils ont pu dire dans des interviews. Nous sommes à l'écart de tout ce qui peut être à la mode. C'est sans doute normal d'être ignoré de temps à autres.
Quand nous chantons en Angleterre, les gens ne veulent pas de groupes qui parlent de leur propre vie comme nous, nous les voyons. Nous avons récemment fait une interview à Paris et le type semblait vraiment bien connaître nos disques et nos paroles. Il m'a posé des questions à propos de l'aliénation, des trucs comme ça alors qu'ici, on nous parle que de la compil C86 et de ces conséquences pour nous.
Je ne veux pas paraître trop sérieux ou intellectuel mais nous essayons de faire quelque chose de significatif d'une manière abstraite. Je voudrais que les gens sachent que nous sommes conscients de ce défi dans la pop music et que nous sommes préparés à relever ce défi.
(Dave Callahan)

Autant lever le suspens tout de suite, le défi a été relevé. Les Wolfhounds ne feront jamais rimer pop et futilité, ils seront jusqu'au boutiste dans leur démarche mais dans un pays qui s'apprêtaient à gober ecsta sur ecsta en portant des baggy, tout le monde aura rien à foutre de leur défi d'un autre âge. Mais c'est bien connu, ce genre de frustration donne les meilleurs groupes et les meilleurs disques.



En 1987, Wolfhounds enchaînent avec deux maxis supplémentaires. Tout d'abord sur Idea records, Me, avec sur la pochette, leurs tronches hyper sexy et heureuses de vivre, une vraie force de vente. Me est de loin le meilleur titre et c'est d'ailleurs le seul qu'on retrouvera sur le premier album. Rythme alerte, mélodie agile et enlevée, les guitares ne heurtent pas le territoire noisy mais sont suffisamment incisives pour rendre ce morceau incontournable. Les trois autres titres, inédits donc, sont du second choix. Pourtant, Hand in the Till est un morceau plus introspectif, complexe, pas mal du tout et aurait mérité de se retrouver sur la version single avec Me plutôt que Disguted, E7, un peu laborieux. Le dernier titre de la face B de ce 12'', Cold Shoulder, c'est la version happy des Wolfhounds et ça, ils ne savent pas faire, ils forcent leur nature tempétueuse. Je ne vous conseille donc pas de découvrir les Wolfhounds par les faces B de leurs maxis. Ça serait une drôle d'idées d'ailleurs.





Second maxi de 1987 et retour sur The Pink Label, avec Cruelty et cette gueule de fennec à peine plus bandante que leurs tronches de Me. Un morceau mené grand train avec toujours ce tourbillon d'arpèges, sonorités claires et tranchantes et qui nous permet ce grand moment de video clip, orchestré par Cecil B. DeMille. Sur l'autre, I See You n'a rien d'honteux mais n'apporte rien d'essentiel non plus. Whale on the Beach, morceau uniquement présent sur ce maxi, est un instrumental assez bizarre et - oserais-je rigolo ? - oui c'est le mot et c'est totalement indécent pour les Wolfhounds.





1987, c'est surtout l'année de leur premier album, Unseen Ripples From a Pebble, sur le fidèle The Pink Label. On retrouve les faces A de chacun de leur single (Me, Cruelty, The Anti-Midas Touch) et neuf autres morceaux. Et là, je me prends un sacré coup de vieux. Pas seulement parce que ce disque est sorti il y a vingt-quatre ans mais surtout, dans mon souvenir, il ne sonnait pas aussi pop. Voir poppy, avec tout l'aspect péjoratif que ce terme peut comporter. Sautillant, plein d'espoir. Pris en single, cela passe. Mis bout à bout, Unseen Ripples From a Pebble est un album étonnament enjoué. Les guitares sont plus claires que jamais, le chant surfe allègrement sur les mélodies. Sandy est d'une innocence vivifiante. Rain Stops Plays est un rayon de soleil en plein fog londonien et Goodbye Laughter fait preuve d'encore plus de légèreté. Là, pour le coup de l'acidité dans la pop, il faut revoir le concept. Il faut attendre l'instrumental Lost But Happy ou quand Wolfhounds excelle dans la profonde mélancolie, Cruelty et Rule of Thumb en face B pour retrouver le mordant dont j'avais souvenir. Ou admettre plus vraisemblablement qu'en un quart de siècle, les goûts ont évolué et que ce disque a jauni. Reste un album dont on peut reconnaître les qualités pop largement au-dessus de la moyenne.


Le véritable problème dans ma petite vie de fan transi, c'est que je n'ai pas découvert les Wolfhounds par cet album, ni par les maxis d'avant mais par une compilation réalisée l'année d'après, en 1988. Sur cette compile, la totalité de Unseen Ripples From a Pebble, moins deux titres, y figure. Ce premier album a donc toujours eu un arrière-goût de redite, une fausse découverte d'une histoire déroulée à l'envers. Ce qui ne m'empêche pas de l'avoir en deux exemplaires, test-pressing compris ! Et je ne me rappelle fichtre pas pourquoi ??!!



Ce disque fondateur de ma virilité naissante, symbole de ma liberté et de mon indépendance, a donc pour nom The Essential. Et comme son nom, toujours lui, l'indique, l'essentiel de la misérable vie des Wolfhounds se trouve sur cette compilation. Plus précisément, de la première vie des Wolfhounds. Tous les tubes sont là, Restless Spell compris, Slow Loris, Another Hazy Day avec même un inédit, Star in the Tarmac. September records, label crée par le même Paul Sutton du Pink Label, après que ce dernier ait mis la clé sous la porte, a sorti cette brillante compilation, censé donner une seconde chance aux Wolfhounds dont l'album Unseen Ripples From a Pebble a rencontré un succès proche du néant. La compilation a suivi à peu près la même trajectoire, excepté qu'elle a eu l'énorme avantage de faire connaître le groupe en dehors des frontières des îles britanniques, grâce à une meilleure distribution (je te rappelle, jeune éphèbe, qu'Internet était encore un monde inconnu en 1988 et qu'il ne suffisait pas d'un seul clic pour se répandre sur la surface de la terre). The Essential des Wolfhounds, c'est le meilleur du meilleur de la pop anglaise de la fin des années 80. Vous pouvez oublier le reste.




1989 va être une grosse année pour les Wolfhounds. Une année prolifique avec deux maxis, un album et un mini-album. L'année de tous les dangers. Ca passe ou ça casse. Ca cassera mais non sans tout faire péter avant.
La mue des Wolfhounds commence par le maxi Son of Nothing fin 88, avec en couverture, la même statue exotique que sur le dernier The Dreams treize ans après. Un nouveau poil plus hirsute, en grande partie grâce aux deux guitares. Wah-wah hypertrophié, tout comme le chant de Callahan, guitares abandonnant les arpèges aux accents pop, les Wolfhounds cherchent une nouvelle direction, plus agressive et ils sont sur le bon chemin. Face B, trois inédits, sauf si vous possédez la version CD de Bright and Guilty, l'album à suivre. Là encore, on sent les Wolfhounds entre deux eaux. Pas complètement débarrasser de leurs habitudes pop mais plus aventureux dans les structures et les sonorités. Cottonmouth n'est pas le meilleur morceau de leur répertoire mais ça reste une face B intéressante, tout comme Torture qui voit pour la première fois Callahan céder le chant à une certaine Kate. Entre les deux, Second Son, simili remix de Son of Nothing. C'était franchement pas la peine.



Une nouvelle tournure suffisamment excitante pour les faire signer sur un plus gros label, Midnight Music, impressionné par Son of Nothing, et sortir l'album Bright and Guilty. Entre-temps, les Wolfhounds perdent leur bassiste Andrew Bolton, remplacé par Dave Oliver, tandis que Paul Clark, le second guitariste, abandonne lui aussi et sera remplacé soit par Callahan, en plus du chant, ou par Matt Deighton qui seconde également Callahan pour la voix sur une poignée de morceaux. Les grandes manœuvres pour des Wolfhounds plus déterminé que jamais à durcir le ton, montrant toujours une facilité mélodique au dessus de la moyenne mais avec un son plus noisy, des attaques rythmiques plus franches et surtout, des titres mémorables comme Non-Specific Song, Useless Second Cousin, Ex-Cable Street, le plus introverti A Mess of Paradise, le fantastique Invisible People qui a un petit air de Moonshake, le futur groupe de Callahan mais ça, il ne le sait pas encore. Il est tout concentré à sortir le meilleur de son arrogance anglaise, de sa frustration envers ses compatriotes et il trouve son apogée dans le grandiose Rent Act. LE morceau de Bright and Guilty où tout est parfait, s'enchaîne merveilleusement bien, le riff de guitare lumineux, la tension insufflée, encore une belle pièce ajoutée à leur répertoire, une preuve de leur talent dont personne n'a rien à foutre. Bright and Guilty a beau être un album somptueux, les Wolfhounds ne sont toujours et ne seront jamais à la mode. Trop intransigeants, trop renfrognés, pas assez noisy-pop pour surfer sur la vague My Bloody Valentine et House of Love avec qui ils partagent une tournée en Angleterre, pas assez de pantalons baggy et de rythmes pour faire danser. Le groupe qu'il ne faut pas au moment où il ne faut pas.







Deux maxis sont extraits de cet album. Rent Act, bien sûr, avec en face B trois inédits qu'on ne retrouve nulle part ailleurs, contrairement aux trois morceaux de l'autre maxi, Happy Shopper, que l'on retrouve sur la version CD de Bright and Guilty. Un Happy Shopper, qui, comme son nom l'indique, est un titre joyeux et enlevé, le plus optimiste de Bright and Guilty. Mais ce titre leur a valu des lettres de menace de la part de la chaîne de supermarché du même nom. Ces derniers croyaient que les Wolfhounds incitaient les gens à boycotter leurs magasins alors que les paroles n'ont strictement rien à voir avec eux et que les Wolfhounds étaient les premiers à s'aventurer dans leurs rayons.
Comme d'habitude avec les faces B des Wolfhounds, on a le droit aux compositions jugées pas assez bonnes pour figurer sur l'album. On peut retenir le titre No Soap in a Dirty War pour le 12'' Happy Shopper et Died The Small Death pour Rent Act.






Fin 89, plus pauvres et rejetés que jamais, les Wolfhounds ont les crocs. Alors que l'enregistrement de Bright and Guilty avait été interminable, les sept titres de Blown Away sont écrits en trois semaines et mis en boite en quinze jours. C'est le disque que les Wolfhounds ont toujours voulu faire. La brit pop est enculée à sec et Wolfhounds est plus à mettre en relation avec des groupes américains comme Sonic Youth dont le chanteur ne serait pas l'impayable Thurston Moore mais Mark E. Smith. Dave Callahan déverse la même bile sur ses compatriotes, le même caractère irascible, la rage du mec qui n'a plus rien à perdre, conscient que son groupe fonce droit dans le mur. Il va le fracasser avec classe. Cette fois-ci, la mue est totale.

C'est la chose la plus pure que nous ayons fait jusque là. En fait, nous en avions juste rien à foutre. Nous avons enregistré pratiquement tout live, avec des vieilles pédales d'effets, un vieux vibrato sur la guitare à la fin du morceau Blown Away, la faisant sonner comme un hélicoptère. Nous sortions tous de notre local de répétition avec les oreilles qui sifflaient. (Callahan).
Nous avons toujours été très polis. C'était comme une réaction totale à tout ce que nous avions fait auparavant. Nous avons découvert le bien fait d'avoir deux énormes amplis Marshall. (Stebbing)

Le disque débute par Rite of Passage (avec Mary Hansen, futur Stereolab, pour les chœurs, tout comme sur Skyscrapers) et son sample de Joey Ramone en interview, qui n'a pas à se forcer pour paraître complètement stupide. Des samples qui font apparition dans la démarche musicale des Wolfhounds, soucieux d'essayer tout ce qui passe par leur tête. Le sax de John Coltrane sur Personal ou un vieux disque des années 50 à la fin de Tropic of Cancer où la seule chose que l'on comprenne, c'est You son of a bitch. Si Callahan continue d'avoir le souci de la mélodie vocale, les guitares virent au rouge plus d'une fois, non seulement sur la fin de Blown Away et son effet hélicoptère mais aussi en dérapage totale sur Tropic of Cancer, crispent les rancoeurs, flirtent vers Dinosaur Jr, un changement de traitement radical. La rythmique de Dead Sea Burning est obsédante et il faut attendre la fin de la face A, avec Living Fossil, pour retrouver un peu de calme dans une compo plus mélancolique dont Wolfhounds ont toujours le secret. Idem pour Personal, relativement expérimental dans la forme et ballade hypnotisante dans les faits. Tout sent l'urgence à plein nez et rien n'est à jeter. On se prendrait presque à regretter que les Wolfhounds n'aient pas toujours opéré de la sorte.





Mais aussi grand que fût ce mini-album, les Wolfhounds ne rencontrent qu'un succès d'estime. Le groupe est au bord de l'implosion. Treize titres devaient être enregistrés pour remplir l'obligation contractuelle que le groupe avait envers Midnight Music. Treize titres sont écrits. Attitude (l'illustration de la pochette est de Paul Klee) voit le jour en 1990 et l'album est parfait. Les contrats ont du bon. Les crédits au dos de la pochette mentionnent un nouveau membre, Alan Stirner, déjà présent au générique de Blown Away, mais qui aux dires du groupe, n'avait jamais participé à ce disque. Les Wolfhounds gardent l'optique d'un disque où tout est permis, continuent de faire chauffer les guitares et profitent d'une liberté artistique totale, couplée à un j'en ai totalement rien à foutre de ce que vous pouvez penser, pour expérimenter et triturer les sons. Le plus bel exemple sont les six minutes instrumentales de Guitarchitecture. Un morceau portant à merveille son nom. Aidé par Ian Caple (producteur de l'album comme sur Blown Away) pour une guitare supplémentaire, Guitarchitecture est une montée d'adrénaline stressante, sorte de Glenn Branca, hyper aiguisé, répétitif bien sûr et qui pèle les nerfs. On est d'un seul coup très loin de Unseen Ripples From a Pebble. Sur Side Effects, les Wolfhounds manipulent les bandes pendant que Callahan parle à travers un dictaphone. Si le groupe ne se départit pas de ces talents mélodiques (Magic Triggers, Blue Nowhere, Hall of Mirrors, sublime), il reste sur sa lancée de Blown Away et empile les couches de colère avec toujours autant de talent. Celeste, Gutter Charity, Vertical Grave, une belle triplette de têtes contre le mur. Mais un album des Wolfhounds ne serait rien sans un brin de mélancolie et de ballades vous arrachant une larme. Disinformation et Free Speech Impediment. Piano des grands jours et ballades instrumentales d'un autre âge. A mourir.


Mais pour écouter Free Speech Impediment, tout comme pour Guitarchitecture et Everybody's Travelling, il ne faut pas se procurer la version vinyl mais le CD. Ou la cassette. Ca tombe bien, j'ai les trois. Vous comprenez mieux désormais la lettre du fan transi.





Le groupe se sépare dans la foulée. Les différents membres tentent de nouveaux projets. No comment. On peut juste mentionner Matt Deighton qui accompagnera Paul Weller sur plusieurs disques ainsi que sa présence sur une tournée de Oasis pour remplacer au pied levé Noel Gallagher qui s'était encore mis dessus avec son frère. Son seul fait d'arme à Deighton, bien plus que son autre groupe, Mother Earth, ou son projet solo ponctué de deux albums.

Non, le seul qui s'en tiré avec les honneurs, de très grands honneurs, c'est la tête pensante du groupe, celui qui avait déjà composé tout seul Attitude, le dénommé David Callahan et son nouveau groupe, Moonshake.

Si vous voulez une porte d'entrée pour les Wolfhounds, Cherry Red records a sorti une excellente compilation en 1996, Lost But Happy, couvrant bien toutes les périodes, tous les albums, des Wolfhounds. Dix-huit titres. Dix-huit tubes.








(Les interviews sont extraits du Melody Maker, 1989)

SKX (01/09/2011)

Discographie ::

.Cut The Cake 12"
The Pink Label records 1985
. The Anti-Midas Touch 12''
The Pink Label records 1986
. Me 12''
Idea records 1987
. Cruelty 12''
The Pink Label records 1987
. Unseen Ripples From a Pebble LP
The Pink Label records 1987
. The Essential CD
September 1988
. Son of Nothing 12''
September 1988
. Bright and Guilty LP
Midnight Music 1989
.
Blown Away LP
Midnight Music 1989
. Rent Act 12''
Midnight Music 1989
. Happy Shopper 12''
Midnight Music 1989
. Attitude CD/LP
Midnight Music 1990
. Lost But Happy CD
Cherry Red records 1996