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Totale Eclipse
92 – LP
Amor Komma/Boom Boom Rikordz/Day Off/Rejuvenation / Rock’n’roll Masturbation/SK records 2015

Tentons de commencer pour le mieux cette nouvelle année de merde avec un disque joyeux et entrainant mais jamais vulgaire, le tant attendu premier album des lyonnais de Totale Eclipse. De l’aveu même de ses auteurs, 92 s’intitule ainsi parce que 1992 est l’année de parution de quelques uns des disques préférés de ces trois là (We’re not nostalgic at all nous préviennent ils pourtant dès le début du disque, haha) et quelques indices figurent sur le collage bricolé de main de maitre de la pochette, même si Nevermind de Nirvana a été publié fin septembre 1991 et non pas en 1992. OK tous les goûts sont dans la nature mais il faut toutefois admettre que les Totale Eclipse n’ont pas forcément tort et en tous les cas il est fort heureux qu’ils n’aient pas décidé d’appeler leur album 79, au moins on sait déjà que l’on ne va pas avoir à se taper une énième copie de post-punk nombriliste, évitant ainsi toute contrainte pseudo dépressive et faussement nihiliste. Un peu – beaucoup – de couleurs dans tes petites ténèbres personnelles, cela ne te fera aucun mal camarade.

Et puis, même si les protagonistes sont déjà connus, je ne peux pas m’empêcher d’énumérer le line-up impeccable de Totale Eclipse, dont je ne sais toujours pas si le nom est un clin d’œil à Bonnie Tyler ou à Iron Maiden : Nico Poisson de Sathönay et de Ned à la guitare et au chant, Seb Radix de lui-même à la basse, au chant et au cul de poule et enfin Sheik Anorak à la batterie et au chant. C’est donc un secret pour personne, Totale Eclipse est né des cendres de The Rubiks (avec à cette époque Andrew Dymond/Duracell à la batterie) mais il convient d’affirmer tout de suite et maintenant qu’il ne s’agit pas d’une suite sans renouvellements notoires des mêmes aventures et avec pour seule différence un nouveau batteur. Non, même si les ingrédients ne changent pas foncièrement, même si l’humour est toujours identique voire carrément pire, même si la débilité est encore une fois parfaitement assumée, même si les blagues font toujours autant rire, même si les hommages plus ou moins parodiques se succèdent à une vitesse toujours aussi folle, Totale Eclipse reste un groupe unique (et heureusement encore…), comme un énorme canular qui aurait bien tourné et qui ne s’arrêterait jamais, sans s’essouffler, sans lasser, sans répéter stupidement et aveuglément les mêmes conneries. Bien que parfaitement capable de s’en inspirer, Totale Eclipse n’a rien d’un groupe de punk à roulettes en plastique ou d’un groupe de hair metal macho-sexiste car il n’a rien de caricatural ni d’auto-complaisant.

Pourtant, vous me direz, lorsque au sein d’une même composition on ose piquer un ou deux plans bien juteux hérités du grunge, d’y ajouter un peu d’emo punk adolescent, de saupoudrer le tout d’un peu de noise, de bubblegum rose fluo ou de funk bancal, d’incorporer des virevoltes progueuses presque ignobles, d’alterner le chant à trois, il semble difficile d’éviter toute caricature, même si celle-ci prend la forme d’un florilège haut de gamme. Les trois Totale Eclipse réussissent largement leur coup, sans apparemment trop se forcer, parce qu’ils savent composer, parce qu’ils ont ce talent inné et inimitable pour le cassoulet-vache-qui-rit-harissa (si tu as jamais essayé ça, vient donc manger à la maison un de ces quatre) et parce qu’ils savent placer le moindre élément incongru ou d’apparence stupide à la juste place qu’il faut pour que la greffe prenne instantanément. Bref, ils s’amusent comme des gamins et nous aussi. Et il y a encore autre chose que je dois dire, même si je dois pour cela faire rougir ces trois garçons, cette chose c’est que voilà trois musiciens qui savent réellement bien jouer – mention spéciale au bassiste – et qu’il faut effectivement avoir tout ce talent là pour pouvoir faire preuve d’autant de désinvolture et de malice. Le tout, encore une fois, avec un sens du partage et de la générosité sans failles.

Hazam (02/01/2016)