mombu
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Quand Mombu et Mosca Violenta sont sur le même bateau, t'as pas intérêt à être sujet au mal de mer. Deux batteries, deux saxophones (baryton et alto), une basse, quelques bidouilles aux synthés et largue les amarres. Il aura suffit d'un concert en commun pour que le duo italien Mombu et le trio caennais Mosca Violenta (qui s'appelait Les Yeux De La Tête encore récemment, avant un changement judicieux de patronyme) aient envie de partager plus qu'un bout de backstage. Et ce n'est pas un vulgaire split ou chaque entité joue ses propres compositions dans son coin. Chacun des membres a écrit son morceau et tout le monde les exécute ensemble, dans une convulsion identique, quatre titres pour la naissance d'un nouveau monstre à multiples bras pour une unique tête pleine de souffrance, à l'instar de la drôle de bestiole de la pochette. La chasse aux démons est né.
Les secousses sont telluriques, les poussées de fièvres récurrentes. Les sonorités sont graves, les saxophones galopent. La rencontre de deux batteries et d'une basse génialement distordue ne donne forcément pas dans la légèreté. Ça récure les chairs et cela a le mérite de les aérer également. Ou comment réussir à faire voler un paquebot. Mombu et Mosca Violenta mettent en œuvre toute leur animalité au service d'une musique massive, pénétrante, alliage d'une robustesse éclatante où la transe des Italiens se marrie à merveille avec la dureté des Français. Le free d'un jazz s'insinue dans les monstrueux coups de basse noise, les rythmiques implacables et écrasantes n'empêchant pas les envolées, les mélodies de zébrer dans la noirceur et la folie de guetter. Tout comme le caractère désagrégé de l'ensemble n'interdit pas les fulgurances en pleine tronche. You're a Genius, Maybe est le nom du premier morceau. Avec cette collaboration éphémère mais qu'on espère renouvelable, le maybe est en trop. Du grand art.

SKX (02/01/2016)