mombu
subsound



Mombu
Niger - CD
Subsound 2013

Mombu en chef de tribu. L'Afrique, on la sentait poindre sur le premier album. Sur Niger, ce n'est plus ambigu, le duo Mombu en est mordu (poil au cul). Encore plus de tribalité et d'afro-beats. Un invité, Mbar Ndiaye, pour encore plus de percussions et surtout un chant typiquement africain sur Mighty Mombu ou Carmen Patrios. Luca T. Mai, l'habituel saxophoniste de Mombu, taquinant le mbira, instrument de percussion se jouant avec les doigts sur des lames et aux sonorités là aussi typiquement africaines. Les deux italiens ont pris l'autoroute du sud et mis les deux pieds sur le continent noir.
Ca pourrait faire peur, l'abus de djembés étant toujours dangereux pour la santé mais là où Mombu s'en sort plus que bien, c'est que Niger n'est pas un vulgaire disque de world music ou de dreadlockés tapant les bonnes vibrations à la fête de la musique. C'est le voodoo et la transe que Mombu vise. Noir, tout est noir. Le batteur Antonio Zitarelli multiplie les polyrythmies et accentue le groove avec des percus sauvages. Les soufflantes du saxo baryton descendent dans les graves et se marient comme par magie (noire) avec l'effet hypnotique des rythmes. Marco Mastrobuono, qui a enregistré les sept compos, a également sorti la guitare dont les accords graves donnent l'impression d'un Godflesh en safari en Afrique. Le saxo n'est pas là pour faire dans le free et l'improvisation, à de rares exceptions comme sur le dernier long morceau, The Devourer of Millions, où Luca Mai se lâche mais sans jamais trop en faire, sur un tapis de rythmes qui osent le solo. Ca souffle efficace, sobrement, ça s'efface pour les rythmes au centre de tout et ils cognent. Niger est avant tout un disque pulsatoire, une ode aux démons dont un représentant figure sur l'immonde pochette, une musique d'un esprit malin pour jeter un vilain sort. Sauf que ce sort est accueilli de gaieté de coeur.

SKX (26/04/2013)