zulus
aagoo






Zulus
II – CD
Aagoo 2015


Hasard de la vie et alignement parfait des astres, trois ans jour pour jour était chroniqué le premier album des New-Yorkais de Zulus. Trois années, c'est long. Spray Paint aurait eu le temps de sortir douze albums et The Blind Shake, six et demi. Chez Zulus, on revient avec vingt minutes et neuf titres. Et une recette qui ne change pas. Mélange sale et détonnant de noise noyauté par le garage-rock et le punk (à moins que ce soit le contraire), les Cramps revisités par Pussy Galore et les Daughters ou Battleship, l'ancien groupe de certains membres de Zulus. Comme pour l'album précédent, la première écoute laisse sur sa faim, roulé qu'il est ce disque dans la terre glaise d'un rock bourré de reverb et semblant mal dégrossi malgré la brièveté de chaque compo. Mais rapidement, leurs manières de sauvages, la densité et le furieux esprit rock'n'roll se dégagent de la boue et vous embarquent dans leur sarabande névrotique dont les seuls titres Medications et Chemicals montrent bien que c'est aussi de la musique de drogués.
Tout se met en place selon un ordre immuable échappant au bon sens. Ben Greenberg (The Men, ZS, Uniform, Pygmy Shrews) derrière les manettes met un malin plaisir à faire tomber les grêlons et perturber l'agencement qui n'en demandait pas tant, tout en donnant un coup de main à la guitare sur Revolver II et usant du mellotron sur Screens. Ondes négatives se transformant en ondes transcendantes d'un bruit jamais gratuit. Parce qu'une fois passé le choc et qu'on gratte un petit peu, Zulus fait preuve d'accroches multiples, de mini-riffs aguicheurs, de mélodies ne voulant pas dire leurs noms, de chœurs entraînants sous le déluge, jusqu'à se révéler à la lumière du grand jour sur le dernier titre The City's Vein. Plus d'une fois, on en viendrait à siffloter sur Zulus et ça, c'était pas écrit d'avance. Leur deuxième album aligne ainsi plus d'un hymne potentiel et ravageur, des titres irrésistibles comme Medications, le péplum Gemini frôlant les cinq minutes pour notre plus grand bonheur ou le torride Set Fire. Si cet album ressemble à s'y méprendre à son grand frère, Zulus semble tout de même avoir franchi un palier dans la qualité de l'écriture et la conviction avec laquelle ils vous pètent tout ça à la tronche. Du grand et bon rock'n'roll mutant à ranger juste derrière vos disques de The Blind Shake.

SKX (11/09/2015)