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Warsawwasraw
Sensitizer – LP
Music Fear Satan/Three One G 2014

Il y a quelques jours le patron vous parlait de Retox. Et bien moi, je vais causer de Warsawwasraw. Quel est le rapport ? Je vous le donne en mille : Justin Pearson, mannequin tatoué et belle gueule télévisuelle, sauterelle patentée et leader de The Locust, boss du label Three One G, chanteur de Retox (et ayant avant ça joué dans tellement de groupes que cela me fatigue de tous les énumérer), a pris sous son aile protectrice le duo parisien. Lequel a déjà tourné avec The Locust, s’apprête à recommencer d’ici quelques jours avec Retox en Europe et a donc publié son premier album chez Three One G, en coproduction avec l’inévitable label parisien MusicFearSatan. Le line-up de Warsawwasraw s’est stabilisé à deux membres depuis (au moins) trois ans mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au départ il y avait même deux chanteuses et un bassiste dans le groupe (on peut entendre cette formation sur Chaajoth, le tout premier EP du groupe publié en 2008 par Rejuvenation) et Warsawwasraw n’est donc désormais plus composé que d’un guitariste/chanteur et d’un batteur. Une formule resserrée pour une musique toujours plus brute et toujours plus brutale. Car c’est peu dire qu’avec Sensitizer on en prend plein la gueule, le duo alignant les pépites hardcore – l’album comporte dix-sept titres dont la plupart tournent autour de la minute – avec un sens de l’efficacité et une mise en place qui confirment que l’on a bien affaire à deux vieux briscards, rompus à l’exercice et qui se connaissent sur le bout des doigts. Ce cher Justin a plutôt toujours eu le nez creux pour signer des bons groupes et, encore une fois, on peut dire que cela se révèle exact au sujet de Warsawwasraw et de ce Sensitizer épileptique.

A ce niveau là, celui du pourquoi du comment du machin truc hardcore vaguement grindeux sur les bords, Sensitizer est donc un album parfait. Un seul titre de ce disque comporte plus de riffs et d’idées que la discographie complète de Monarch, les deux Warsawwasraw n’ayant pas leur pareil, même au milieu d’une composition de moins de cinquante secondes, pour placer un break qui tue ou une micro partie lente qui donne juste envie de hurler à la mort. Il n’y a ainsi pas grand-chose à rajouter au sujet d’un groupe et d’un disque qui naviguent très au dessus de la concurrence. Mais je vais quand même évoquer Hell’s Angles, la composition la plus longue de Sensitizer avec ses huit minutes et quelques, une composition qui résume à elle toute seule la virulence et la hargne de Warsawwasraw, une sorte de longue suite hardcore démarrant tout à fond, passant par plusieurs stades intermédiaires avant de se vautrer dans la boue d’un long et lent final poisseux et torturé au possible. Je l’ai déjà dit, Warsawwasraw aime truffer ces titres de petits passages lents mais là le groupe touche du doigt quelque chose d’autre et y excelle complètement. A la toute fin du disque, le duo remet ça avec Hidden Ashes, un instrumental faussement apaisé mais réellement tourmenté et obsédant qui fait comprendre d’un seul coup d’un seul que ce qui différencie Warsawwasraw du commun des mortels des groupes de hardcore et que ce qui plait tant sur Sensitizer, c’est cette capacité à instiller, dans la chair même de compositions qui défouraillent totalement, une atmosphère de pourrissement voire de putréfaction. Warsawwasraw n’est pas un groupe tout lisse qui fait ses gammes doctement et consciencieusement, Warsawwasraw est un groupe qui sait pourquoi il faut remuer le couteau dans la plaie. Et qui donc le fait. Bien mieux que la plupart des autres.

Hazam (02/04/2015)