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Usé
Marilou – 7''
Attila Tralala/Et Mon Cul C’est Du Tofu ?/gUrdUlu/Label Brique/Ludo Prod 2015

Mouais… J’avais trop envie de faire un speech bien évidemment inutile sur ce que je pense de tous ces one man bands qui fleurissent de nos jours, c’est la crise et en temps de crise un bande tout seul ça coute moins cher à l’entretien et en réparations, c’est presque le meilleur mode économique possible pour tourner, enregistrer des disques, etc. Et surtout ça permet de régler très rapidement ses problèmes d’égo et autres conflits avec soi-même – c’est forcement moi le meilleur dans le groupe. De 202project à Noir Boy George en passant par Ventre De Biche, Besoin Dead ou Colombey, ce ne sont pas les projets plus ou moins intéressants qui manquent, même si certains révèlent rapidement toutes leurs limites. Est-ce pour cette raison que Usé – Alias Nico de Headwar – a choisi de sortir d’abord un single au lieu de prendre le risque de s’étaler sur toute la longueur d’un album entier ? Je veux bien le croire. Usé je l’ai d’abord découvert il y a plus de deux ans lors d’un concert qui n’avait d’ailleurs duré qu’un petit tout petit quart d’heure, un truc assez frustrant d’une forme encore franchement primitive et – n’ayons pas peur des mots – tentant trop de faire du Headwar pour un homme seul. Puis j’ai revu Usé beaucoup plus récemment pour un second concert où le dispositif avait largement pris de l’ampleur tandis que les compositions s’étaient elles grandement étoffées, et ce pour mon plus grand soulagement. Je suis donc parti plutôt confiant pour écouter ce Marilou EP.

Pour Amphétamine, première composition en forme de dégueulis sonore, le constat est assez simple : voilà un titre efficace de post no-wave synthétique agrémentée de percussions tribales et d’un chant de mongol surexcité, il n’y a rien à redire. La fin du titre est bien menée avec cette façon qu’a Usé de faire monter la pression tout en conservant le gimmick mélodique. Amphétamine n’est pas non plus un chef-d’œuvre absolu mais on y retrouve la rage et la conviction dont ce garçon fait preuve en live, ce qui est largement suffisant. Cela se complique déjà un peu plus avec le morceau titre : Marilou est volontairement parodique et, à l’image de la pochette du disque (qui m’a tout de suite fait penser à Herbert Léonard et à Daniel Guichard mais pas du tout à Michel Polnareff, ne me demandez pas pourquoi), le but avoué est ici de faire rire. En gros Marilou est une pochade sirupeuse taquinant la franchouillardise et qui parle d’un amour perdu. Evidemment c’est de la grosse déconne à deux balles, même un membre du jury de The Voice s’en apercevrait. Quelques exemples : Marilou la vie sans toi c’est comme un enfant sans cartable ou Mes jours sont aussi longs que tes bras. Et c’est sans compter sur l’instrumentation assez ignoble à base de fausses mandolines ou de saxophone larmoyant.

Mais, par contre, est-ce que c’est drôle ? Comme j’ai plutôt mauvais goût en général et que ma première chérie – c’était au CE1 et j’avais sept ans – s’appelait précisément Marilou, cette chanson faussement désuète, ringarde et digne d’un pochtron sous perfusion de Picon-Bière me fait bien marrer. C’est vrai qu’il m’en faut peu. Mais quand même : sous ses airs de pastiche à moustaches Marilou est bien plus acide qu’il n’y parait, même si là aussi on se dit qu’un seul titre dans cette veine est largement suffisant et que d’avoir publié un single s’avère donc être un choix plutôt sage. Pour finir, Nico/Usé trouve le moyen de balancer un numéro de téléphone au milieu de deux paroles larmoyantes (« appelle-moi…. »)… Personnellement je n’ai pas osé tester ce 06 78 72 95 00 mais peut-être que quelqu’un ici ou là aura le courage d’affronter la vie pour de vrai et de composer ce numéro pour savoir ce qu’il en est réellement – le propre numéro de Usé ? celui de quelqu’un qu’il déteste ? le numéro du commissariat de police d’Amiens ? un numéro recopié dans les chiottes du Grand Wazoo ? le mystère reste entier.

Hazam (18/06/2015)