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Headwar
Touche pas l'enfant - LP
Tanzprocesz, Et Mon Cul c'est du Tofu ?, Aredje, Attila Tralala, Label Brique 2012
Headwar
12-03-11 Miami - LP
Aredje, Et Mon Cul c'est du Tofu ?, Label Brique, Pouet ! Schallplaten, Attila Tralala 2012

La dernière chronique du Headwar se demandait si le terme futur avait un sens pour ce groupe à l'arrache. La réponse est cinglante et elle est double. Deux vinyles réalisés coup sur coup. Un album studio, un album live. Deux disques miroirs, reflet déformé, indissociables et quasi les mêmes titres dans deux représentations différentes. Jusqu'à l'extrême qualité des pochettes, recto et verso, conçues par Peter Saville avec des photos signées Anton Corbijn. Jusqu'à l'extrême qualité de l'enregistrement signé Steve Albini. Le monde de Headwar est rassurant. Il est rempli de repères bien connus.
Nan, franchement, amateurs de grosses productions, passez votre chemin. Seul compte chez Headwar, l'instant, la prise directe et l'abandon de soi dans les méandres du bruit et du martèlement. Headwar ou ma petite entreprise de travaux publics. Qui ne connaît pas la crise. Vive la Picardie libre. Car chez les Amiénois, on ne passe pas ses soirées à analyser, disséquer, théoriser sur la musique. C'est du brutal, ça sort par des tuyauteries rouillées, ça recrache du bruit et des bidons abandonnés sur lesquels ça cogne sans vergogne et des guitares ponçant - et ça ne m'avait pas frappé jusque là - comme chez un Sonic Youth au faîte de son talent au beau milieu des années 80. Alors on aimerait, on supplierait pour que les guitares fassent encore plus de bordel, que chaque coup de cymbale cingle l'air à s'en fendre les tympans, chaque coup de tom basse fasse résonner un peu plus fort notre petit cœur, idem pour la basse, bref que le son soit à la hauteur de la démence entrevue en concert.
Des objections ressemblant à s'y méprendre à celles engendrées par Hopital Torture Punition IV et pourtant, Headwar s'est soigné. Comprenez qu'ils progressent. Il ne faut quand même pas hésiter à pousser le bouton du volume vers le haut pour profiter pleinement d'une décharge optimale. D'un ramonage en règle, d'un bruit mat sur de la viande froide, de chants consistant le plus souvent en, littéralement, des cris de bêtes en rut. Et ma foi, cet enregistrement accentue le coté glauque de ce noise-rock-indus dépravé et primaire, accentué par les habituels samples faisant le liant entre les titres, dont un particulièrement sordide d'une mère de famille surmenée sur fond de piano mortuaire. Sans oublier les faux locked groove en fin de chaque face qui t'oblige à te lever vite fait alors qu'en fait, non, c'était une feinte.



Pour le live, c'est pareil. J'ai d'abord crû à une blague mais Headwar a vraiment été aux USA avec leurs potes de John Makay, dont une halte à Miami le 12 mars 2011. Dans un moment d'oubli, on pourrait se tromper et ne pas savoir qui est qui, du studio ou du live, vu que de toute façon, l'enregistrement studio s'est sûrement fait dans des conditions live. Mais sans public. Alors que là, le public finit par se faire entendre. Entre les morceaux. Ou pendant les morceaux, notamment l'intro de Hamburger Singe (qui fait suite à Lance Biquette et Gros Poulet, le Picard étant très fort dans les titres private joke). Un cher public qui a même le droit à toute une fin de face quand le préposé à l'enregistrement se ballade dans le public, sur fond de samba, en leur demandant just say some bullshit ? Un grand moment de poésie et de culture française de la part de nos amis américains. Mais le top de la maîtrise technologique est atteint quand l'enregistreur tombe en plein milieu d'un morceau. Trois fois rien.
Sinon, ça n'a pas l'air comme ça, mais le son est tout à fait acceptable. Headwar défouraille dans les grandes largeurs, l'hommage à Sonic Youth sur La Tion est aussi frappant que sur disque et le bruit de ferraille a dû en rendre plus d'un sourd aux premiers rangs.
Ce disque, ces disques, ont surtout l'énorme avantage de susciter l'envie de vouloir (re)vivre ces moments en vrai, de se rendre en chair et en os à un concert de Headwar car si on les aime, ce n'est pas pour l'extrême qualité de leurs compositions qui ne vont pas chercher bien loin mais pour l'impact physique que la musique de Headwar procure, pour le défoulement et le vidage de tête. No futur.

SKX (04/12/2012)

P.S. : Comme d'habitude, le groupe et le conglomérat de labels oeuvrant à la décrépitude de la jeunesse offrent sa tournée et le téléchargement libre du Touche pas à l'enfant et 12-03-11 Miami.