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King Champion Sounds
Different Drummer – LP+CD
Wormer Bros, Sickroom 2013

King Champion Sounds est né à la suite d'une demande faite par Mike Watt (Minutemen) à Ajay Saggar (The Bent Moustache et d'autres plus vieux projets qui nous font remonter aux débuts des années 90 avec Donkey, voir pire, la fin des années 80 avec Dandelion Adventure) d'ouvrir pour lui lors d'un concert à Amsterdam début 2013. Saggar a sauté sur l'occasion pour carrément fonder un nouveau projet plutôt que réactiver ses groupes en sommeil. Et dix mois plus tard, King Champion Sounds sortait un album. C'est ce qu'on appelle une belle efficacité.
Faut dire qu'il y a du vieux briscards là-dedans. Oli Heffernan à la basse (Detective Insctinct) et ex-Shrug nous renvoyant aussi 20 ans en arrière. G.W. Sok l'incontournable qui rajoute encore un énième projet à ses cordes vocales et deux jazzmen qui n'en sont pas à leurs premières soufflantes (Ditmer Weertman, saxophone, hautbois et Chris Moerland, trombone). Le batteur de 17 ans Mees Siderius doit un peu se demander ce qu'il fout là !
Une entité à six têtes (sept en concert avec un second guitariste), un nouvel orchestre éclatant les styles, fanfare punk et poétique, déambulations fiévreuses et jazzy mais avant tout, nouvel avatar ludique, lumineux et acerbe d'un groupe généreux qui sait varier les plaisirs. Groove chaleureux et doigts d'une grande vélocité courant sur le manche de la basse de Here We Go Again, morceau d'ouverture annonçant un retour en grande forme de types qu'on sent heureux d'en découdre ensemble. Charges complémentaires des cuivres et des guitares dont les arpèges descendent en cascade, donnant un sentiment de liberté et légèreté enivrant. Et puis G.W. Sok et ses déclamations légendaires qui n'ont rien perdu de leur aura depuis son départ de The Ex, profitant au passage pour recaser le très beau texte de Shouting at The Moon, morceau déjà présent sur l'album de Cannibales & Vahinés dans une version totalement différente, prise dans le feu d'entrelacs de guitares et de synthés. Sur Orbit Macht Frei, le propos se fait plus tendu, plus sombre sur le dos de la télévision et c'est le titre le plus prenant de l'album. Different Drummer, c'est également Free-dum Trail, une digression (free) jazzy coulante comme du miel ainsi que El Problemo Grande, très différent du reste du disque, espagnolade instrumentale avec la guitare flamenco de l'invité Jeff Heijne dont le poignant est rehaussé par des cuivres arabisants langoureux. Une couche de groove supplémentaire, encore plus de lignes souples et alertes d'une basse qui sait décidément se faire remarquer (Mike Watt avait dû apprécier) et de cuivres qui font danser. Et si vous en voulez encore, un titre bonus figure sur la version CD. Son nom, Massivemissivemessage From The Weird Mouth, dit comme ça, d'une traite, sans espace durant dix minutes d'un très long texte/sample d'un certain Mike Nolan (après le sample introductif du nazi anglais William Joyce pendant la seconde guerre mondiale) sur fond de bruitages inquiétants/nappes sonores bruissantes. On peut se contenter de la seule version vinyle.
Si vous aimez Cannibales & Vahinés, The Ex ou Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, plus pour une certaine esthétique commune que par comparaisons musicales, chacun gardant une personnalité évidente, vous pouvez sans hésiter emboîter les pas du King Champion Sounds qui suit avec brio son different drummer, comprenez son propre rythme, sa propre petite lumière, selon une citation de Henry David Thoreau reprise au dos de la pochette.
Prochaine étape, un 10'' le 6 octobre prochain sur Louder Than War Records, le label de John Robb, encore un vieux de la vieille pour qui les années 80 n'ont plus de secrets.

SKX (16/05/2014)