tar
chunklet






Tar
1988-1995 – 2xLPs
Chunklet 2013


Cette chronique s'intitule Comment acheter une compilation alors que vous avez déjà absolument tout du groupe, sous-titrée qu'est-ce qu'on peut-être con quand on est fan. Bon en fait, le vrai sous-titre, c'est singles, compilation tracks and unreleased recordings. Alors c'est peut-être pour le unreleased, la promesse de morceaux inédits que j'ai craqué, tout en sachant pertinemment bien que ses morceaux jamais réalisés n'allaient pas révolutionner le parcours discographique de Tar, genre les meilleurs morceaux jamais écrits par Tar, mais au diable où avions nous la tête pour ne jamais les avoir sortis ?! Mais il fallait bien trouver une excuse.
Une autre raison pour encombrer des étagères bien remplies, c'est la tonne d'enregistrements live inédits livrés sur cette compilation. Et là, pas de problème avec le manque de place puisque ce n'est que du virtuel sous forme de coupon de téléchargement à ras la gueule. Deux fichiers pour un total de 48 titres sous le nom de Want / Need Live Recordings 1988-1995. Treize titres pour le concert du 31 octobre 1991 au Khyber Pass de Philadelphie. Trente-cinq, oui trente-cinq, jusqu'à l'overdose, pour des archives de concerts entre le 3 décembre 1988 et le 24 novembre 1995 sur huit endroits différents mais ne comptant que deux villes au final, Philadelphie et surtout Chicago. Et ça tombe bien parce que les live sur disque, j'ai toujours trouvé ça d'un mortel ennui. Tar ne va pas déroger à la règle. Tar a pourtant de quoi satisfaire le geek qui sommeille en moi avec de l'inédit, Doom Town, une reprise des Wipers et trois versions instrumentales de compos de l'album Over and Out sur le fichier qui regroupe toutes les périodes de Tar alors que le concert du Khyber Pass fait la part belle à l'album Jackson mais avec une qualité de son moins intéressante. Et ne vous attendez pas à des versions différentes des albums. Tar n'était pas réputé pour la gaudriole ou pour ses improvisations à n'en plus finir. Ce que vous entendez sur scène, vous l'entendez sur disque, exactement pareil.
Une autre bonne raison pour se procurer ce double album aux vinyles orangeâtres, c'est le livret huit pages, soigné et plein d'infos sur l'historique et les anecdotes concernant toutes les sorties de leurs singles et une impressionnante Show-ograpgy. Avec également plein de reproductions de flyers et photos dont une, celle du 11 novembre 1993 au Gibbus à Paris avec Mark Zablocki et John Mohr aux cotés de Ian Burgess et Peter Diemel, me permettant de fièrement caser un J'y étais à ce concert, en compagnie d'une foule considérable dont le nombre s'élevait au moins à 27 personnes. Et enfin, huit textes/hommages à la gloire de Tar, de Steve Albini à Thymme Jones en passant par Brad Wood. Mais le plus amusant, c'est celui d'un illustre inconnu, Jake Healy. Un gamin, 20 ans, qui a épuisé toutes ses économies pour partir de son Pays de Galles natal et se rendre à Chicago pour un concert de reformation de son groupe adoré en 2012. Il n'était même pas né quand le premier disque de Tar est sorti et rentrera deux jours plus tard avec un mediator de Jonh Mohr qu'il chérit désormais comme une sainte relique. Et qui voit maintenant son nom associé à un disque de Tar pour l'éternité. Je n'imagine même pas dans quel état il doit être ce pauvre gosse.
Et si en fait, la raison d'acheter ce disque est que, tout simplement, ce sont juste les fucking Tar. Chicago noise rock comme dit Albini. Tout est dans cette banale description. Trois mots qui sentent l'aluminium. Trois mots qui claquent comme un étendard, la marque de fabrique d'une ville qui a engendré multitude de groupes dans le style sec et radical et dont Tar reste à ce jour un des plus beaux fleurons. Aucune raison donc pour ne pas se goinfrer une nouvelle fois de singles désormais mis bout à bout. Il n'en manque aucun à l'appel. L'incendiaire Play to Win, Hand/Flow Plow, l'immense Solution 8 avec sa reprise de Pere Ubu en face B (Non-alignement pact), Static, la reprise de Jawbow, Teetering avec une autre reprise en face B, The In Crowd, morceau écrit par Billy Page et interprété par Dobie Gray en 1965 ! Vous en voulez encore ? Des morceaux des compilations Dope Guns' n fucking in the streets, l'excellent Compaction sur Ugly American Overkill Tour, Deep Throw sur Smells Like Smoked Sausages et les quatre morceaux d'une peel session dont on n'en connaissait que deux, Viaduct Removal et Ballad of Storyteller, titre qui d'ailleurs ne figure sur aucun autres disques de Tar. Et donc, les trois inédits, Cracks in the Sidewalk, Long Arm et Kebab, ce dernier étant tiré de la session d'enregistrement de Over and Out. Pas de quoi effectivement se fouetter le sang mais on s'en tape.
D'ailleurs, ça m'étonne que vous soyez arrivé à la fin de cette chronique, que toute cette logorrhée technico-technique ne vous ait pas dégoûté avant. Une chronique faite par et pour les mordus de Tar (qui pourront aller voir s'ils n'ont pas eu leur dose) mais il n'est jamais trop tard pour se convertir à Tar et ce disque est une excellente porte d'entrée pour se faire la main pour les incultes et un beau bain de jouvence pour les gâteux.

SKX (25/11/2013)