rougegorgerouge


Rouge Gorge Rouge
Froast - CD
Self-released 2013

Rouge Gorge Rouge, excepté un nom à se faire jeter des cailloux dessus, vient de Bordeaux (vas-y, rebalance des cailloux) et compte dans ses rangs l'ex-batteur de Sincabeza et un actuel Magneto. Pas de quoi faire le paon. D'ailleurs, l'album commence par une liste de tout un tas de groupes qui eux peuvent en ramener à plus d'un et que Rouge Gorge Rouge n'a jamais vu (The Damned, The Jam, Beach Boys, The Byrds, The Monkees, The Cramps etc...), sorte d'hommage aux ancêtres sur un morceau qu'ils ont nommé Chevrotine. Pour mieux les dégommer ? Ne respectent plus rien les jeunes.
Rouge Gorge Rouge ne siffle en tout cas pas le chant de la révolution et s'inscrit dans un courant que l'on peut bâtardement appelé post-rock, faute de mieux. Ou faute de grives. C'est à Sincabeza en fait que me fait penser le premier album réalisé par les propres petits ongles de Rouge Gorge Rouge. Une musique majoritairement instrumentale, racée, plus nerveuse que joyeuse bien que le ton général de cet album soit enjoué, trouvant le juste milieu entre une certaine tropicalité et une tension entraînante. Le quatuor arrive même à évoquer les trublions de Badgewearer sur Afreecology. Les chants se font remplacer par des samples, les titres à la con avec des jeux de mots foireux dedans (J'encharpe entier, Brocodile Dandy) valent toutes les paroles du monde, le clavier et le moog sont parait-il de la partie mais se font discrets et les rythmes ont tendance à donner dans la course poursuite, un hypnotisme guilleret et ferme soutenu par des parties de guitare guidant tout le monde vers le haut, entre mélodies alertes et arpèges finement ciselés et vigoureux.
On se dit de temps à autres qu'on leur volerait bien dans les plumes, histoire de les asticoter, que le gentil Rouge Gorge Rouge sorte les griffes mais on se laisse finalement séduire. Des morceaux comme Frusques à Manches et surtout Ma China Pain tirent vraiment leur épingle du jeu, jusqu'au final de neuf minutes, le fameux J'encharpe entier, ballade très classe entre Stereolab et le kraut-rock version gironde et douceur. Je m'apprêtait à lui piétiner sa petite tronche de piaf mais, même si je n'adhère pas à tout, Rouge Gorge Rouge signe un album qui sent le printemps et les lendemains qui chantent.

SKX (28/11/2013)