baxterstockman
ektro


Baxter Stockman
Punter - CD
Ektro 2013

Après avoir administré la fessée, Baxter Stockman fournit la raclée. La vraie. Dans les grandes largeurs. Froidement. Méthodiquement. En parfait professionnel ne s'égarant pas à donner des coups inutiles et à brasser de l'air. Chaque plan est là pour faire un maximum de dégâts. Appuyer encore et encore là où ça fait mal. Le noise-rock du trio finlandais est abrupt. Economie de moyens. Ne pas s'attendre à des volées de rythmes plus techniquement insupportables les uns que les autres pour le débutant, des changements de direction incessants pour noyer le poisson, une dextérité de surdoués. Carte du minimalisme, virtuosité du marteau-piqueur en rase-motte, répétition des mandales, de morceaux pouvant tenir que sur une seule note, d'un rythme qui cogne, qui cogne et qui cogne encore, droit, profondément, de plus en plus profondément, d'une ligne de basse à deux cordes en avant, gravant au burin les contours de compositions inhospitalières. N'ayant pas peur de s'aventurer plus d'une fois au-delà des six minutes. C'est par empilement que le trio agit, qu'il fait naître ce sentiment de pression et d'intensité angoissante, sans jamais forcer sur la vitesse du rythme, en jouant avec nos nerfs, des montées d'adrénaline tout en contrôle bestial.
Le malaise est dans la pièce. Comme refroidi, distant, on peut mettre un peu de temps à regarder ces formes, cette implacable machine se mettre en branle. Puis se dérégler. Subir les interventions de la guitare précise et sulfureuse de Markus et de son chant rauque, querelleur, parlé ou éructé. Admirer la science de la superposition, de ces infimes variations. Passer sous le joug de ces formidables coups de boutoir. Devenir dingue à l'écoute de Non-smoker qui nous réduit en cendres. S'emballer sur le fougueux Labour, toujours Labour. Se laisser envahir par ces bouts de mélodies et ces accroches ne manquant pas de mettre un peu de chaleur à Punter. Se réjouir des déflagrations, des arpèges Jesus Lizard-ien de Brodown. Bander comme sur un bon vieux Quitters Club quand ça se fait lourd, dépouillé et vibrant (Poltergeist Pussy) et s'achever sur Ten Rock, brillant résumé au long cours de toute la panoplie noise-rock que Baxter Stockman maîtrise parfaitement tout en cultivant son propre terrain fertile en pièges, accouchant d'un premier album à l'allure d'incontournable.

SKX (29/05/2013)

LP sur Kult of Nihilow & Full Contact