yesimleaving
tenzenmen


Yes I'm Leaving
Nothing - CD
Tenzenmen 2012

La pochette a cette touche de destruction finale rendant caduque tout espoir d'un monde meilleur, sauf si vous aimez le carton épais, les chiens de bergers et surtout, si vous êtes le genre de groupe pris d'une peur panique à la simple idée qu'un quidam pourrait acheter votre disque par hasard, saoulé d'admiration par la vue soudaine et fantasmagorique de votre disque. Avec ce design brutal, toutes les chances sont du coté de Yes I'm Leaving. Personne ne voudra ce bout de carton merdique.
Et on ne peut même pas dire que ce trio Australien a réservé toutes ses économies pour l'enregistrement puisque le décor de ce studio high-tech devait ressembler à un fond de cave, tous les micros collés contre les amplis et les potards dans le rouge cramoisi. L'esthétisme de Yes I'm Leaving ne s'attarde donc pas sur les apparences et le souci du détail. C'est du garage-noise envoyé dans l'urgence, du rock trash et saturé vomit dans l'instant, avec un léger soupçon de mélodies pour faire bonne figure et un gros grain de gratte pour bien démanger. L'énergie, la haute-pression, ça, ce sont des termes qu'ils connaissent parfaitement. Les morceaux à deux accords et la basse qu'on tabasse sans chercher à bouger les doigts, aussi. Le rythme qui file droit, pareil. Et les compositions inoubliables, un peu moins. Mais là n'est pas le propos. Parce que Nothing s'écoute comme Yes I'm Leaving l'a composé. Le feu au cul. D'une traite et à fond.
Certes, une demi-heure pour un sprint, c'est long, il était temps que la ligne d'arrivée se pointe. Le trio de Sydney n'a pas des tonnes d'idées mais on se contentera aisément des quelques brûlots ardents qu'ils nous crachent à la tronche, de la voix abrasive comme une allumette mettant le feu à chaque titre, des perpétuels grésillements. Untitled en ouverture donne le ton, In The Round est hyper entêtant et Nothing (le morceau) prouve qu'ils savent aussi ralentir avec bonheur le rythme mais pas l'excès de saturation, tout comme Going Down, limite poignant, de marquer les contrastes en passant en mode guitare claire avant de forcément retrouver la pédale à excès.
Bref, Yes I'm Leaving enfile les perles revêches et fusantes sur un tapis de crasse, se frayant aisément un chemin à travers des écoutes croissantes, pour finalement rendre accro et taper pas loin d'un The Stabs primitif. Vive les pochettes moches et les disques crapoteux à l'intérieur.

SKX (29/02/2012)