bailterspace
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Bailterspace
Strobosphere - CD
Fire records 2012

Chroniquer le nouvel album de Bailterspace en 2012, rien de plus normal. Je m'étonne même de ne pas l'avoir fait plus tôt. D'ailleurs, la semaine prochaine, on parlera du nouveau disque de Condense, le mois suivant du double album de Dazzling Killmen et du très attendu nouveau single de Tar (hein ? comment ça c'est déjà fait ?!).
A l'autre bout de la planète, Bailterspace, c'était un groupe né en 1988 des cendres des fantastiques The Gordons. A tel point que dès Thermos, le deuxième album en 1990, les trois membres de Bailterspace (peut s'écrire en deux mots, en un seul c'est préférable) étaient les mêmes que les trois composant The Gordons. Mais en 1998 et sept albums plus tard, Alister Parker, Brent McLachlan et John Halvorsen se séparent.
J'avoue avoir lâché l'affaire vers 1994 et le quatrième album Vortura. Pour quelles raisons ? J'en sais strictement rien. Il est très bien cet album (je l'écoute à l'instant), comme les trois précédents. Ca devait être ma période d'allergie au kiwi (le fruit, pas le piaf hein !). Depuis l'intervention de mon dermatologue, je vais beaucoup mieux et en attendant de rattraper mon retard, c'est donc avec plaisir (mais pas avec surprise puisque la reformation est devenu un sport internationalement rock) que je me lance à l'écoute du huitième album des Néo-zélandais de Bailterspace.
Et le plaisir de retrouver cette vieille connaissance est immédiat. John Halvorsen a quitté la barque, reste Parker et McLachlan pour maintenir Bailterspace à flot et l'aide d'un John Foster pour gratouiller de la basse sur trois titres. On retrouve tout de suite l'ambiance propre à Bailterspace qui lui a valu, à tort, le titre de Sonic Youth des Antipodes alors que personnellement, j'ai toujours entendu plus du My Bloody Valentine et toute la mouvance shoegazing anglaise au début des années 90 avec un rythme velvetien, un peu plus d'angularité, de masse et cette touche inimitable propre à tous les groupes néo-zélandais, ce parfum mélodique unique que tu ne peux pas avoir si t'as pas mangé du mouton toute ta jeunesse.
Le problème est que le plaisir des retrouvailles a ses limites. On sent bien que c'est du Bailterspace, l'illusion est presque parfaite sur toute la première partie de Strobosphere, là où figure les meilleurs compos (Things that we found, Strobosphere, No Sense, Meeting Place) avec des mélodies profondes qui vous agrippent, cette fausse indolence hypnotisante, avant de se faire rattraper par le caractère répétitif des morceaux, élément central de la musique de Bailterspace comme chez Wedding Present ou The Fall, sauf que ça fini surtout par masquer un manque cruel d'inspiration. Les morceaux n'ont pas le tempérament bien trempé de jadis et, un comble pour ceux qui les comparent sans cesse au Sonic Youth de la grande époque, le son n'a pas non plus l'ampleur, la cuisse et la force des enregistrements précédents, bien qu'ils essayent de nous réveiller à la fin de l'album avec le surprenant et rock'n'roll Dset ou le plus mordant World We Share.
Mais après autant d'années, on se dit que ça aurait pu être largement pire. L'impression générale reste relativement agréable. Considérons ce disque comme un bon tour de chauffe pour retrouver, après Strobosphere, la stratosphère dans laquelle évoluaient les Néo-zélandais dans un autre siècle, bien qu'aucune information n'ait filtré quant à la suite de leurs intentions.

SKX (27/11/2012)