The Tall Ships
On Tariffs And Discovery - CD
Minority 2011

J'y suis allé à reculons vers cet album. Sauf pour régler un problème de sommeil. Leur premier album paru en 2006 était un somnifère puissant. On Tariffs And Discovery avait la parfaite tronche du successeur innocent. Il était temps de renouveler l'expérience. Et elle est sensiblement différente cette fois-ci. Plutôt que mortellement ennuyeux, on parlera de mortellement charmant. Un disque tout beau, ça pète dans la soie, le poil est lustré dans le bon sens, les arrangements respirent la douce mélancolie, c'est aujourd'hui le printemps. Steve Kuhn et Kyle Conwell (des ex-Glendale et Kerosene 454) pratique l'indie-rock comme d'autres vont à la pêche. Sereinement, en sifflotant, l'important n'étant pas la prise mais le temps passé à foutre une paix royale à la planète entière.
Un disque tellement inoffensif que tout ce fin travail de guitare et basse est séduisant mais aussi incroyablement transparent, que leurs entrelacs, tout jolis qu'ils soient, n'embrouillent personne. Pourtant, des groupes comme Pinback ou Codeine, voir June of 44 dans ces passages les plus mélancoliques, sont loin de me laisser de marbre mais The Tall Ships a le don de laisser indifférent. On salue l'effort rythmique (Keith Andrew à la batterie), son intégration au duo de base, une nervosité générale un rien plus palpable (mais là je m'avance peut-être), une imitation réussie de Scott McCloud sur Sharks Teeth Under Glass, l'habileté des compos et son interprétation sans faille (Oh Pioneers) mais toute cette suavité, ça en devient écoeurant à la fin. Comme une élégance creuse, un piano trop sucré pour le liant, un chant californien, seul, à deux, en canon et pas exempt de mièvrerie. Un tel souci de simplicité, de chaleur, d'harmonie que ces huit morceaux glissent tout seul, sans aspérité, sans zone d'ombre, une mélancolie glacée. Alors certes, pour le somnifère, on repassera. Mais pour la partie de pêche également.

SKX (20/03/2011)