heycolossus
riotseason

Hey Colossus
RRR - CD
Riot Season 2011

Du haut de son Golgotha, Hey Colossus observait les mécréants venir se faire sacrifier au doux bruit d'un Eurogrumble Vol.1 païen et chamanique. Mais le colosse a les pieds fragiles. Et une sérieuse tendance à la schizophrénie développée depuis sa plus tendre enfance dont le premier rôt remonte à 2004. Huit albums plus tard et un paquet de splits sous le coude, on a vu le monstre brutal et mal dégrossi se transformer en hydre à sept têtes, une insaisissable créature qui ne savait pas et ne voulait pas choisir entre les tentations d'un rock-noise surpuissant et poisseux, les effluves d'un psychédélisme malsain, le pêché de l'expérimentation dont Eurogrumble était l'apothéose, le point de non retour.
RRR a tranché. La Bête tombe dans le marécage d'un disque souillon, la force occulte de l'expérimentation qui a fait pencher la balance du mauvais coté, au détriment de la face rock. RRR, c'est le krautrock du troisième millénaire après le passage de la noise et du metal. Une tempête sans fond. Le cosmique (cosmiche ?) qui se nourrit de son propre trou noir. L'inutile qui pourrait durer des plombes sans que cela change quoi que ce soit à l'affaire. Une immense partie de pétanque qui fout les boules.
Des mantras interminables dont le nœud central de treize minutes Rotated for Success cicatrise tous les griefs. De trop rares moments d'adrénaline, de lourdeur dans le rythme enfin appuyé et de guitares qui se réveillent contre des nappes de bruits monotones, des samples du Malin, de répétitions, de guitares en descente de trip qui n'en finissent pas, des ambiances qui se voudraient malfaisantes mais qui ne prennent jamais, du flasque qui s'étale. La saleté par-dessus tout ça ne saurait masquer ce psychédélisme fumeux. Hey Colossus n'a pas su couper dans la bande-son.
Excepté un The Drag plus virulent, Hey Colossus se perd dans des émanations stériles de hippies du bruit tout crotteux. Même leur humour d'anglais et leur hommage à Berlusconi sur le dernier titre I'm Bunga Bunga ne vous ferra pas sauter en l'air, Hey Colossus s'écrasant sous le propre poids de sa pachydermique ambition d'un album raté.

SKX (06/12/2011)