Hey Colossus & The Van Halen Time Capsule
Eurogrumble Vol. 1 - LP
Riot Season 2010

Hey Colossus a décidé de mettre une rallonge à son nom et rien de mieux que Van Halen pour montrer qu'ils ont franchi un palier dans l'horreur. Mais de la bonne horreur. J'étais naïvement resté sur l'impression que ce groupe anglais se cantonnait à un gros rock-noise instrumental qui tâche, dans la lignée d'un Keelhaul à ras des pâquerettes avec une tendance doom accentuée sur les lombaires. Leur précédente livraison aurait dû mettre la puce à l'oreille (mais belle bête). Hey Colossus ne va pas bien du tout. Ils sont devenus diaboliquement inconscients, divinement inhumains, hors catégorie sur leur île d'Anglais.
Fini les tâtonnements du morceau de 21 minutes qui dégueulassait dans tous les sens sans laisser de souvenirs. Eurogrumble Vol. 1 est un grand, un brillant condensé de folie brute. L'apothéose d'un travail de sauvage pour assouvir et réunir dans un même ventre bestial, leur soif de bruit pure, d'expérimentations maladives, de rock-noise délicieusement bourrin et transcendantal, de rythmiques volcaniques et de hurlements d'un autre âge. Ca fait peur dit comme ça et vous avez bien raison. Surtout que le titre d'ouverture, Question, nous la fait se poser : allons-nous tenir ces onze minutes d'introduction à sec sans presser le bouton stop ? Un début qui fait craindre le pire. Bruits nauséabonds, samples du Malin, ça sent l'expérimentation rimant avec masturbation, on croit revivre l'expérience du morceau du split avec Dethscalator, du remplissage rimant avec bricolage, de la longueur rimant avec puanteur, avant que tout ne se mette en place et ne trouvera son sens une fois l'album terminé. Hey Colossus n'est pas là pour plaire. En terribles branleurs qu'ils sont, mettent le pire sous le nez dès le début. Des fois que tu saches pas où tu fous les pieds. Une fois franchi ça, c'est du velours.
13 Millers Court enchaîne sans coup férir. Vitesse supérieure. Rythmique de plomb, martiale, cris/rires démoniaquement trafiqués. Me rappelle Slug dans l'hypnose noise-rock qu'il procure mâtiné d'un Headbutt pour que le plaisir soit total. Une référence à Headbutt revenant régulièrement (l'énorme pression de King Come), avec des pointes vers God pour l'effet machinerie infernale (le terrifiant Eurogrumble), voir les premiers Pain Teens pour les morceaux/passages expérimentaux à base de samples et l'effet mystérieux qui en découle. Les désormais six membres de Hey Colossus ont réussi à couler une chape de plomb cohérente entre le rock et les expérimentations, les rythmiques surpuissantes et les stridences, les hurlements, les samples, le carré et l'absurde. Symbole : les onze minutes finales de Wait your turn (avant d'aller tâter de l'enfer), résumant orgiaquement leurs noires perversités. Les compos plus courtes ne sont pas du vain remplissage mais participe à cette ambiance étouffante. Des faiseurs de bruit dans la digne lignée des Headbutt, Skullflower et autres Terminal Cheesecake que la perfide Albion a pu engendrer, remis au goût du jour mais qui le feront voir bien poisseux. La prosternation est totale. Hey Colossus est fucking colossal.

SKX (11/06/2010)