Lucertulas
The Brawl - LP+CD
Robotradio/Macina Dischi 2010

On avait laissé les italiens de Lucertulas sur le terme de prometteur. Pas contrariant pour un sou, ils reviennent effectivement nous donner raison (pour une fois) et confirment, les doigts dans le nez, enterrent tout ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant, ou plus exactement s'en nourrissent, s'élèvent et explosent leur brouillon de jeunesse. Dans The Brawl, il y a un vinyl et un CD mais ce n'est pas comme d'habitude. Sur le numérique, vous ne trouverez pas la même chose que sur le bout de goudron. Le véritable nouvel album, les neuf nouveaux titres se trouvent uniquement sur le CD. Sur le 12'' uniface, vous avez d'un coté l'habituel dessin qui a remplacé la musique et de l'autre, quatre titres figurant déjà sur le CD mais cette fois-ci, chantés en italien et dans des versions légèrement différentes, voir écourtées. Démarche originale qui, si elle n'apporte pas musicalement grand-chose à l'eau tumultueuse de leur moulin, permet d'emballer ça dans le bon goût d'une pochette joliment cartonnée et les dessins troublants de Michele Bubacco.
En récupérant Massimo Cettolin derrière les fûts (ne laissant plus que le guitariste Christian Zandonella comme seul membre d'origine), Lucertulas n'a pas hérité que d'un batteur de plus. Ils ont dégoté un véritable bûcheron. Il secoue la batterie comme un furieux, entame des séquences de punching ball avec les toms basse tout en alliant souplesse et rapidité. C'est beau à voir. Même dans la tête. Dans ce nouveau souffle qui habite les compositions du trio italien, il joue une part prépondérante. Je ne sais pas si c'est lui qui tire tout le monde vers le haut ou que ces trois là se sont enfin trouvés et qu'une saine stimulation a mis un coup de pied au cul de tout ce petit monde, mais c'est beau à entendre. Et pas que dans la tête. C'est tout le corps qui réclame sa dose, les poings qui volent dans tous les sens, la bave aux lèvres devant une énergie aussi vigoureuse que maîtrisée. Si Tragol de Rova manquait de discernement, The Brawl frappe dur et juste. La guitare plus incisive que jamais, se permettant des pointes de mélodies acides (8 Hours), des roulements de batterie à rendre dingue, des répétitions rythmiques pour enfoncer le clou de la frénésie (le phénoménal Crowning), des coups de basse souvent couverts par la lave de la guitare mais qui peut se révéler mordante quand on la met à nue. Compositions tranchantes, fiévreuses, pouvant virer avec une pointe de psychédélisme (The Boxer), à l'Oxbowisation de la botte latine (l'abstrait Mum's pray) avec des fulgurances à la Flying Luttenbachers. Monstrueux. Et ce ne sont pas les six minutes finales de The Widower avec son break planant/flippant au milieu (Il vedova sur la version vinyl et amputé d'une minute) qui diront le contraire. C'est de la grande orgie noise-rock, le disque du moment et pour longtemps encore.

SKX (16/08/2010)