GORDZ
Super 100% - CD
Ruminance 2009

Les oubliettes. C'est ainsi que cet album aurait dû s'appeler. Tomber dedans. Un an, mois pour mois, qu'il est sorti. Sept ans d'oubli après Charge, leur dernier disque en date. Pas de promo, pas de pubs. J'ai même été faire par curiosité un tour sur le net et rien, pas l'ombre d'une chronique. Le désert. Et pour les concerts, pareil, faut oublier. Mais Gordz existe toujours. C'est pas le scoop de l'année, tout le monde s'en tape comme de leur première tournée avec Arab on Radar en septembre 2000, mais la curiosité, toujours elle, m'a poussé vers cet enregistrement, voir ce que le trio parisien, éclaté aux quatre coins du monde, avait encore dans le ventre.
Un enregistrement qui après tant d'années de silence allait forcément regorger de compositions qui se comptent au nombre faramineux de… six ! Sept ans, vingt minutes de musique, belle moyenne. Sept années écoulées mais c'est toujours un peu 2003 avec Gordz. L'optique n'a pas changé d'angle. L'instrumentale noise dans toute sa splendeur, la vieille école, encore plus détendue qu'à l'époque de Charge qui les montrait déjà sur la voie de la maturité et de l'assagissement général. Oxes dans la visée de moins en moins visible. S'estompant au profit de titres plus coulés mais sans perdre de leur dynamisme. Plus sérieux mais avec toujours cette science des rythmes/riffs plaisants, pointus, précis, claquants. Voir dansant sur Sous les Tropiques, hands-clapping à l'appui, lorgnant vers une esthétique à la Electric Electric. Après toutes ces années, Gordz n'a pas perdu la main. L'écoute est très agréable ma chère baronne mais on ne va pas prendre un courant d'air non plus. Des Passe-Montagne, des Pneu et bien d'autres groupes instrumentaux noise-rock sont passés par là depuis, reprenant la folie et l'hystérie que les Gordz ont lâchées depuis leur premier album, celui où les bonzes se marraient. Un parfum désuet émane de ce troisième album, qui va dormir là où Gordz souhaite lui-même qu'il reste, à l'abri des foules.
Pour l'humour et le second degré de leur jeunesse, il faut se pencher sur la photo intérieure (bien mieux que la pochette recto), hommage à leur seconde passion, le tuning et les belles carrosseries et surtout les deux vidéos. Deux courts-métrages sur l'Histoire du Rock (avec des extraits de concerts des Gordz au Stade de France et à Wembley) et un film muet, mis en musique, sur Davy Crockett chez les indiens. Ou comment Gordz s'est recyclé en brillants acteurs, n'hésitant à jouer en tenue d'Adam pour coller au plus près de rôles exigeants. Gordz n'aura pas tout perdu.

SKX (06/05/2010)