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Hella
There
is No 666 in Outer Space - CD
Ipecac 2007
Acoustics - EP
5RC 2006
Concentration Face/Homeboy
DVD +EP
5RC 2005
Ce disque m'a bien fait marrer. Tout ça pour en arriver là.
Hella, c'est ce duo de Sacramento qui m'avait collé une balle avec
leur Hold
Your Horse Is. Depuis, ils sont tombés bien bas et ils
continuent de creuser. Un duo atypique qui la dernière fois sortait
chacun sa face
de peur de voir celle de l'autre. Pour continuer à se supporter,
ils ont embauché trois autres personnes (dont deux potes d'enfance
avec qui ils avaient commencé à jouer au tout début
de Hella). Hella n'est pas un groupe qui évolue. C'est un groupe
qui aime à se faire plaisir, qui ne se donne pas de cadre, libre
de faire ce qu'il veut à chaque enregistrement. Un groupe qui fourmille
d'idées et celle de jouer à cinq et d'avoir un chanteur
existe depuis le début. De là à dire que Hold
Your Horse Is est un accident
. La prochaine fois, ils seront
peut-être huit, feront du zouk progressif. Rien ne semble vouloir
les arrêter. Ils n'évoluent pas dans le sens où ils
additionnent (malgré les apparences). Il raye l'album précédent
et font quelquechose d'autres. Comme ça, tranquille, tout en restant
Hella. Hella, un patronyme qui ne veut plus dire grand-chose. Il reste
tout de même une constante dans leur musique. Zach Hill, le batteur.
Il continue de battre comme d'habitude, tout seul dans son coin, n'en
a rien à foutre de ce que joue les autres. J'exagère un
poil. Il a appris à respirer et a levé le nez de ses fûts
mais son style pieuvre du samedi soir est reconnaissable entre mille.
Comme d'hab' avec lui, c'est marche où crève et comme d'hab',
il booste tout le monde. Mais ce genre de course effrénée
les mène droit dans le mur. En fait non. C'est pas ça du
tout. Ils ne rayent rien. Et rien n'évolue chez eux. C'est toujours
la même chose. Toujours la même musique. Seul le format et
les ustensiles changent. A deux, à trois, à cinq. Une guitare,
deux guitares, quatre basses, sans les mains, huit têtes et des
cordes pour se pendre. C'est toujours le même raffut. L'orgie décibelique.
Les tonnes de notes qui tombent de partout et l'art d'en faire des tonnes.
Mais le problème dans l'histoire, c'est qu'ils ont oublié
l'essentiel. L'art d'écrire de vrais morceaux. Sur le premier album
Hold Your Horse Is, ça allait à toute berzingue mais
le duo savait donner de la consistance et composer des petits chefs d'oeuvre
où tout ne reposait pas sur la seule technicité. Ca a commencé
à s'empirer sur The
Devil isn't Red avec des bidouilles électroniques qui n'apportaient
rien et après, fini. Ca triture dans tous les sens. Ca remplit
l'espace, ça occupe et puis c'est tout. C'est bien beau d'en foutre
partout mais derrière, c'est le vide. Du cache-misère. Alors
des fois, ça passe. Ca me fait mal de le dire mais certains passages
de ce There is No 666 in Outer Space ne sont pas dénués
d'intérêt. Ca respire le noise-rock débridée
qui frappe juste. Mais heureusement, il y a la grosse nouveauté
du groupe. Celle qui apporte de l'eau à mon moulin. Le fantastique
chanteur de Hella. Un mec à la voix haut perchée qui lui
aussi doit planer assez haut. Personne ne lui a dit que c'était
ridicule ? Un chant de tête à claque. Qui les brise menu-menu.
Et forcément, pour se mettre au diapason du groupe, il en fait
des tonnes aussi. Jamais il ne la ferme. Une heure de musique. Onze compos.
Sous son emprise, c'est insupportable. Sans cette voix, passe encore.
Un disque qui aurait sonner creux mais écoutable. Là, c'est
le supplice. Hella lorgne même vers la merdasse chaude The Mars
Volta (ce truc boursouflé qui fait se gargariser les bobos) sur
quelques titres. Mais faut pas être de mauvaise foi, ils sont pas
arriver à faire pire. Le titre du Genesis du nouveau millénaire,
ils le leur laissent. Un album d'ados attardés qui, majoritairement,
pète plus haut que son cul.
Justement, si on veut se rendre compte de quoi est capable Hella quand
on désosse les compos, il faut écouter le EP Acoustics.
Initiative à l'origine du label japonais Toad records en 2004,
5 Rue Christine a ressorti l'objet en 2006, agrémenté de
trois titres en plus, soit six morceaux tirés des deux premiers
albums. Et Hella en version acoustique, hé bin mon colon, ça
sonne ! Zach Hill, qui n'est plus obligé de frapper comme un sourd,
montre toute sa dextérité, fluidité et rapidité
à enchaîner des rythmes de malade. Virevoltant, aérien,
un vrai bonheur de philistin. Spencer Heim à la guitare acoustique
s'y connaît aussi en matière de rapidité et de souplesse
des phalanges qui sont armés des meilleures intentions. Débarrassée
de toute électricité, la trame des morceaux de Hella apparaisse
dans leur plus grande simplicité et ça fonctionne à
merveille. Pas sûr qu'avec les morceaux actuels, on ait le même
résultat. Quand ils se donnent la peine de composer, qu'ils ne
pas moulinent dans le vide, Hella se révèle d'une grande
finesse. Dommage qu'ils aient perdu ça en cours de route.
Entre ces deux disques acoustiques et juste après le double Church
Gone Wild, Hella a encore trouvé le temps de nous abreuver.
Un maxi et un DVD. Le son et l'image, comme si ça ne suffisait
pas tout ce bordel. Quatre titres sur le maxi dont deux péplums
de 11 et 12 minutes encadrant deux amuse-gueules. Ce maxi, c'est le There
is No 666 in Outer Space qu'ils auraient dû sortir. Soit du
Hella chargé jusqu'à la gueule qui vomit tout ce qu'il sait
mais SANS le chant. Des morceaux longs longs longs avec du ressac, des
tsunamis, des marées basses qui ne descendent jamais bien bas et
des vagues, encore des vagues qui se fracassent sur un mur du son remplit
de bruits synthétiques, de bruits aigues et ce rythme qui vous
lamine. Gothspel for you not them et If i were in Hella I would
eat lick sont deux monstrueux titres. Dans tous les sens du terme.
Quant aux amuse-gueules, ils n'aident pas à redescendre. C'est
pareil mais en plus court. Quand aux DVD, je veux même pas le voir.
J'ai déjà donné. Je suis pas maso non plus. Leurs
tronches et leurs comportements d'américains typiques, je préfère
les voir en vinyl. Ou plutôt, je préférais.
SKX (14/06/2007)
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