HELLA
The Devil isn't Red - CD
5 Rue Christine 2004


Après un premier album limpide et qui mettait tout le monde d'accord, le duo Hella s'était fourvoyé dans toute une panoplie de singles et maxi qui laissaient perplexe. Un franc besoin d'aller voir ailleurs chez notre duo de Sacramento se faisait sentir, l'envie d'expérimenter tous azimuts, ne pas s'enfermer dans une formule écrite à l'avance, casser la belle mécanique et oser un produit qui ferait grincer les dents. Tout ça n'était pas bien concluant mais avait le mérite de ne pas se reposer sur ses lauriers. Quid de ce nouvel album, à quelle sauce allions-nous être mangés? Hella a opté pour l'habile compromis. Il garde une grille de lecture lisible pour le commun des mortels, continuant ainsi le travail entrepris par Hold Your Horse Is tout en insufflant par savantes touches un esprit aventureux et ludique. Leur math-rock sonne toujours complexe mais mélodique. La batterie est une mouche prisonnière d'un verre, cognant dans tous les sens et à grande vitesse. Le guitariste n'est plus le roi du tapping (cette bonne vieille technique qui consiste à balader ses dix doigts sur le manche de la guitare) et varie son approche. Vous avez le droit ainsi à de franches envolées qui brûlent tout derrière elles, des trucs incroyables à se cogner la tête, entrecoupés d'interludes bizarroïdes, des moments de répit pour une messe tout feu tout flamme qui laissent une vague impression de tourbillon diabolique. Hella se distingue et personnalise ses choix, trouvant sa voix à l'aise sur le chemin très embouteillé des duos, au même titre que Lightning Bolt ou Don Caballero à une autre époque. Le diable n'est pas rouge mais il tire quand même une sacré tronche.

SKX (28/03/2004)