Vendredi matin. Heiko le chien est tout content d'avoir autant de monde à la maison. Un magnifique setter irlandais très joueur. Il (ou elle ?) nous le fait savoir. Bon bin maintenant que je suis réveillé, autant se lever… Richie nous propose d'aller promener Heiko avec lui. Au point où on en ait, pourquoi pas hein ! Allez vient là mon toutou. On prend le van pour aller non loin du Danube. Quel romantisme ! Une ballade salvatrice au cours de laquelle j'apprends qu'avant Interstellar, Richie avait fondé un autre label plus orienté hardcore/punk/crust et dont j'avais souvent vu le nom sur des mailorders… Jurassic Punk records ! Je m'étais toujours demandé qui avait pu trouvé un nom aussi foireux... Je l'ai sous les yeux et Richie est bien de mon avis!!!! Je crois en tout cas, que désormais, j'imposerais comme condition pour chaque organisateur, une ballade matinale avant de reprendre les kilomètres. Ca vous remet les idées en place et vous nettoie de l'intérieur. Un détour par le supermarché. Le breakfast dans le caddy puis dans le ventre et c'est reparti en Tchéquie. Même route, même demoiselles à la frontière, même cabanons-brocantes avec de superbes nains de jardins à foison, même conducteurs tchèques. Ca fait du bien de rentrer à la maison.

Ce soir c'est Jihlava et son 8ème festival international du film documentaire. Moller-Plesset ne figure dans aucun documentaire (quoique ça ferait un très bon film sur les animaux de compagnie) mais le festival aime programmer aussi de la musique. Les entrées sont gratuites et OTK partage l'affiche. Le concert a lieu dans le rock café local, le Rock Manana (dont l'entrée se fait par un hôtel assez chicos) en plein milieu de la place principale de Jihlava. Une place historique avec des bâtiments d'époque et une municipalité qui a eu la lumineuse idée d'installer un centre commercial au beau milieu. Un peu comme si on construisait un Intermarché en plein centre de la place St Marc à Venise ! En déchargeant le matos, on s'aperçoit que la pédale de grosse caisse n'est pas là. Elle a du rester à Linz. Coup de fil à Richie. Mais non rien. Fred tire la gueule. 800 balles dans la tronche. On visite le coin pour se changer les idées. Les chaleurs des derniers jours font subitement la place à un froid de canard. Rien de tel que quelques mousses dans un troquet du coin pour réchauffer sa vieille carcasse usée.

La salle du rock café est en sous-sol (comme souvent en Tchéquie) sous de splendides voûtes aux pierres très anciennes. Ondrej (le retour !) demande si Moller veut jouer en 1er ou en second. Comme d'habitude, Moller n'en a rien à secouer. Du coup, André qui a vu le groupe à Prague et qui connaît la puissance de feu dont Moller peut être capable décide de jouer en premier. OTK, c'est du tranquille, plus chanson que rock'n'roll et il préfère passer avant.

La foule arrive en masse et remplit rapidement l'espace pas si grand que ça. Après tout, OTK a quand même gagné les victoires de la musique tchèque. Ils doivent jouir d'une certaine notoriété. Pour une description détaillée de leur second album paru sur Silver Rocket, vous pouvez aller lire la chronique par . Sur scène, l'impression est confirmée. Un imposant clavier la ramène un peu trop à mon goût et d'une manière générale, le coté chanson peinard ne me touche pas vraiment. Mais le public apprécie et je me dis que, si tout le monde est venu voir OTK, les trois-quarts de la salle vont fuir dès les premiers accords rock'n'roll de Moller-Plesset.
Quelle erreur de ma part ! Le public reste agglutiné sur le devant de la scène et dès l'intro de " The show ", quelques agité(e)s du bulbe se démènent sans compter aux premiers rangs. Quelques morceaux plus tard, le public est toujours aussi nombreux. Ya pas à dire, le tchèque est ouvert d'esprit, une bonne leçon pour pas mal de gens, moi le premier ! Festival documentaire oblige, les groupes jouent devant des projections de films sur un drap derrière la batterie. Pour les Moller, ça sera danse asiatique et autres bizarreries exotiques. Gilles comme d'habitude fait l'effort de parler la langue du pays mais c'est Régis qui décroche le pompon en annonçant The next song is called " polipsipredel ", ce qui veut dire en gros " embrasses mon cul " en tchèque (et c'est écrit très largement phonétiquement). Rire général dans la salle. C'est pas tous les jours qu'un groupe étranger essaye de parler la langue du coin et encore moins pour dire ce genre de délicatesse. La faute au carnet secret de Gilles. Rappel et re-rappel. Tous les titres ou presque de leur répertoire ont été joué. Ils entament Doggy qu'ils n'ont pas fait depuis un bail. Régis se plante lamentablement. Ca va chambrer dur. Mais pour finir sur une bonne impression, ils refont Megavix et tout le monde se quitte là-dessus. Un concert du niveau de celui de Prague, c'est dire. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai été assisté à un concert de Moller au tout premier rang, dans un petit coin à gauche. Ca le fait carrément mieux, je sais bien. Tellement heureux que j'ai pensé un moment me jeter dans la batterie ou piquer le micro de Régis sur God save the queen pour déchaîner mes cordes vocales. Je fais part de mon fantasme à Régis après le concert qui n'y verrait aucun inconvénient hahaha.

Je rencontre enfin le gars qui organise la soirée. Il me fait un plan vite fait sur un bout de papier de l'auberge de jeunesse où on crèche qui est à deux pas et qui est super facile à trouver ya pas de problème… La soirée s'éternise comme d'hab. OTK part crécher dans une maison d'amis dans la campagne environnante. On sympathise avec les barmans. We fuck the bar. Il est bien 4 heures du matin, la place est quasiment vide et on est super chaud. Il est temps de se rentrer dans cette auberge hyper fastoche à trouver. Où est ce putain bout de papier avec le plan. Merde, c'est quoi qui est écrit dessus, je comprends rien. Bon allez tant pis, ça doit sûrement être par là. A moins que ce soit à gauche. Non demi-tour, c'était à droite, j'en suis sûr. 15 minutes plus tard, on demande à un vieux à un arrêt de bus si il ne connaît pas cette putain d'auberge de jeunesse qui est vraiment à deux pas. On comprends rien et lui non plus. Son bus arrive mais comme on est garé devant, le bus ne le voit pas et il le rate. A cinq heures du mat', yen a pas tous les jours. Bon bin nous on va yaller, merci bonsoir. Tom n'en peut plus. C'est le seul lucide du van. La roue tourne. J'emprunte sans le faire exprès une piste cyclable et on tombe sur trois jeunes en fin de piste dont un soutenu par ses deux camarades. Gilles descend leur demander dans son tchèque inimitable et c'est le mec défait au milieu qui à la réponse. L'auberge est sous notre nez, au dessus d'un supermarché. C'est écrit auberge de jeunesse en gros dessus mais en tchèque, ça sonne pas du tout pareil ! Pour la première fois depuis 4 jours, nous avons un matelas chacun, dans une pièce rien qu'à nous, oh joie, oh bonheur!... de courte durée puisque nous allons y dormir que 180 minutes vu qu'il est déjà bien 5 heures et qu'on doit se lever à 8 pour se taper les 600 bornes jusqu'à Innsbruck le lendemain. Oh putain ! Je dors à toute vitesse et la levée du corps se fait encore dans les vapeurs de l'alcool. Et je suis pas le seul. La journée s'annonce très longue…

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