Enablers
Jeudi 20 octobre 2011
La Bascule, Rennes
- asso KFuel

Apéro prolongé, première partie ratée. Un grand classique. Mais c'est pas tous les jours qu'on fête ses vingt ans. Del Cielo, les locaux, en font les frais. C'est donc fringuant comme un jeune homme que je débarque au café de La Bascule, lieu qui ne rime pas avec minuscule mais que 80 personnes (au bas mot) remplissent aisément.
Enablers, c'est concours de crâne rasé et de calvitie prononcée. Ce groupe m'est tout de suite extrêmement sympathique. Il aura fallu attendre la sortie de leur quatrième album pour que j'arrive enfin à les voir en concert. Je suis bien décidé à ne pas rater une miette, me glisse sur le coté gauche, avant de finir la tête dans la baffe. Doug Scharin, légendaire batteur de June of 44, mais aussi de Codeine, Him et Rex (pour ces deux derniers, c'est déjà beaucoup beaucoup moins légendaire) impose son auguste stature et sa boule de billard derrière la batterie bleue ciel pailletée, à la place de Joe Byrnes qui vient de jeter l'éponge après trois albums. Raison de plus pour ne pas rater une miette.
Le groupe n'a pourtant rien de démonstratif, ne saute pas dans tous les sens. Les deux guitaristes, Joe Goldring et Kevin Thomson, sont du genre effacés ou totalement concentrés, au choix, sur leurs instruments. Le rôle de l'entertainer échoue à Pete Simonelli, chanteur-raconteur, qui avec son crâne rasé de près, sa fine moustache gay friendly, sa voix rauque et son regard pénétrant accapare le gros de l'attention. Et puis la musique bien sûr, qui vous choppe, vous enveloppe et vous bastonne la tronche. Sur disque, Enablers n'a rien d'un groupe violent mais sur scène, la musique explose, la tension accumulée se libère et j'en suis le premier surpris. Très agréablement surpris. C'est même le pied intégral. C'est pas Converge non plus mais les compositions prennent une nouvelle ampleur. Pas de temps mort, pas de chute de tension, le bouillonnement est continu, contrôlé, les guitares s'envolent, Doug Scharin fait une démonstration de force dans un gant de velours et Pete Simonelli s'enlace avec son pied de micro.
Comme d'habitude, je ne vous détaillerais pas la play-list, je ne reconnais plus rien tout en ayant l'impression d'avoir entendu ces morceaux des centaines de fois. On se laisse juste immerger, happer dans ce bain de bruit et de classe, l'impression d'avoir été secoué par un concert grandiose. Impression confirmée par quelques personnes qui venaient d'aller les voir à Nantes le samedi précédent. Un concert bien moins prenant, synonyme de montagnes russes, de flottement par rapport à un concert rennais plus direct et dix fois plus saisissant.
Un tour par la table de merchandising pour acheter le vinyle de leur dernier album. Un autre (gros) tour par le bar et c'est ce que j'appelle une journée réussie.

SKX (25/10/2011)







photos © Perte & Fracas. Ask. Thanks.