Choo Choo Shoe Shoot - Dead Elephant
Le Ferrailleur - Nantes
mercredi 23 janvier 2008



Déplacement en terre nantaise pour une rencontre entre les locaux de Choo Choo Shoe Shoot et les italiens de Dead Elephant. Ca sera le premier concert 2008 pour Perte & Fracas (les tympans apprécient mais des tympans, on en recausera plus tard). Le premier concert au Ferrailleur, nouvelle salle à Nantes sur l'île Beaulieu (coincée entre toute une enfilade de restaurants hyper chicos de 120000 mètres carrés avec de magnifiques et multicouleurs anneaux de Buren (private joke locale) tout le long de la Loire, des anciens hangars reconvertis par une mairie qui veut faire de l'endroit le nouveau centre-ville, la belle affaire !). Le premier concert dans une salle où 100% des fumeurs vont se geler en terrasse pour tirer sur leur tige (à savoir l'invention d'un nouveau type de transhumance ou migration très régulière du troupeau des fumeurs ne facilitant pas le dialogue social). Bref, la soirée des grandes premières et c'est avec l'enthousiasme d'un jeune poulain que je commande ma première bière.

Les quatre nantais (mais pas tous pure souche) entament la soirée devant un public clairsemé. Malgré la demande de la chanteuse pour venir remplir les premiers rangs d'une très belle salle qui doit pouvoir contenir 300 personnes grand maxi, le mouvement de foule provoque à peine un courant d'air. Premier morceau. Premier arrêt. Un des deux guitaristes connaît un léger problème de matos. Premier morceau. Deuxième arrêt. Le guitariste est taquin. Premier morceau. Troisième arrêt. Vraiment taquin... Tout ça pour un jack défaillant. Un jack de 15 ans, pensez donc, on ne comprend vraiment pas pourquoi... Le quatrième départ sera le bon. Choo Choo Shoe Shoot est en totale adéquation avec son nom. Ca bégaie trois fois avant de tirer correctement au quatrième coup. Bravo. La classe. Et comme il sera dit que c'est la soirée des premières, c'est la première fois que je les vois dans des conditions de son optimales, sur une scène digne de ce nom et leurs compositions me pètent enfin à la tronche. Leur noise-rock tout droit sorti des fourneaux de Chicago avec Big'N, Shellac, Oxes en chef cuistot, sans oublier l'hommage à Dazzling Killmen sur le second titre, est tout à mon bonheur !! Après un laborieux début, le concert va crescendo, tout le monde rentre dedans peu à peu, l'atmosphère se réchauffe, les compos passent toutes seules, ça claque, ça sèche, la chanteuse se libère et c'est au sommet de la vague que tout s'achève, rassasié et repu de rythmes clinquants et mélodies cachées.

Dead Elephant fait un rapide soundcheck. Ils étaient pourtant arrivé à l'heure (ce qui pour des Italiens est un exploit) mais ils agissent déjà comme de vieux routiers de la route et des salles enfumées qui le sont de moins en moins. Un trio tout ce qu'il y a de plus classique sauf que le guitariste-chanteur(principal) a un rack de pédales d'effets du plus bel effet, qui n'est rien face au magnifique t-shirt rouge du batteur où Slayer s'affiche en gros. Premières notes. Premières baffes. Le son est colossal. Et ce n'est pas le maigre public qui va absorber tout ça. J'ai beau déjà être à moitié sourd, mes pauvres tympans saignent. Le guitariste-chanteur présente son profil, faisant face au bassiste en électron libre pendant que le batteur metal au crâne rasé et barbichette du plus bel effet (encore lui) agit dans une gestuelle et chorégraphie très étudiée, les baguettes croisée en l'air, le regard dans la même direction, faisant honneur à son t-shirt et décochant mes premiers sourires narquois.
Pour le reste, t'as pas envie de rire. Dead Elephant, en concert, est un troupeau de tanks lancé à pleine vitesse. Et c'est ce qui me défrise (si je peux me permettre cette expression, le batteur de Dead Elephant comprendra). La dimension noise-rock du trio sur disque fait place à un aspect Neurosis sur scène auquel je ne m'attendais pas spécialement. C'est du lourd, du très lourd, sombre, presque lent et autant j'adore Neurosis, autant je n'avais pas envie de me taper ça sur Dead Elephant. En concert, ils prennent une dimension metal surprenante. C'est un poil bourrin, manquant de discernement. Ca frôle le passage en force. L'autre point négatif (qui n'a rien de surprenant pour celui qui connaît leur disque), c'est celle alternance entre morceaux énervés, tendus, explosifs (définitivement leur meilleur angle) et autres passages atmosphériques où le guitariste tente de justifier et d'amortir tout l'investissement de son matériel coûteux. La pédale wah-wah n'a jamais été mon fort. Même couplée à d'autres effets parasitant, elle ne remonte pas dans mon estime. Et quand il quitte son instrument pour le déposer devant son ampli et s'agenouiller pendant cinq bonnes minutes devant sa ribambelle de pédales dans une grande messe de larsens, on se dit que ses deux compères ont bien du courage de tenir le rythme monolithique sans rechigner à la tâche.
Ainsi va le concert de Dead Elephant. Ca oscille comme une vague imprévisible. Entre crête jubilatoire et marée basse qui donne envie de remonter le cours de son verre. Entre déflagrations très inspirées et mornes étendues psychédéliques-noise. Au final et dans une ambiance qui ne va pas vers les grandes chaleurs, la prestation de Dead Elephant laisse un goût amer dans la bouche. L'impression de voir un potentiel mal exploité. L'impression du verre à moitié plein ou à moitié vide. L'impression mitigée entre un moment qui aurait pu être exceptionnel et une vérité de l'instant qui vous laisse sur votre faim.

SKX (25/01/2008)