Volcano Suns

L'histoire de Volcano Suns remonte à l'été 83 dans la ville de Boston. Vingt-trois ans déjà, autant dire un bail. Le personnage central de l'affaire se nomme Peter Prescott et c'est l'ex-batteur de Mission of Burma, groupe influent (à défaut d'avoir eu du succès) auprès de toute une génération de rockeurs indépendants américains, de Hüsker Dü à Sebadoh en passant par Jawbreaker et des tonnes d'autres. Mission of Burma mériterait aussi son oldies sauf qu'ils viennent de reprendre du service avec un album non négligeable Onoffon en 2004. Il faudra attendre leur deuxième mort.
Avec Steve Michener à la basse et Gary Waleik à la guitare et un peu plus tard Jon Williams à la seconde guitare, Prescott forme donc Volcano Suns, lui-même assurant le chant avec les autres tout en maniant les baguettes. Mais pendant l'enregistrement de l'album, les ego s'affrontent et Michener et Waleik quittent abruptement le groupe (ils formeront plus tard Big Dipper). Pas découragé, Prescott enrôle Jeff Weigand à la basse et le trio formera le line-up gagnant pour les deux premiers albums de Volcano Suns.

Le premier album The bright orange years voit le jour en 1985 sur le grand label indépendant des années 80 Homestead records. On y retrouve beaucoup des germes de Mission of Burma sauf que la mixture de Volcano Suns est plus orientée hardcore que arty avec ce penchant avoué pour des mélodies pop-rock limpides et véloces cher à MOB. Douze morceaux qui se tapent du pied et enjoués sous le feu d'un déluge contrôlé.

Avec l'album suivant en 1986 All night lotus party, Volcano Suns évolue plus comme un groupe. Prescott n'est plus seul à l'écriture. On retrouve cette capacité à écrire des titres pop-rock bien noisy où la guitare de Williams prend de l'assurance et les mélodies coulent comme du sucre acide. Mais c'est un disque aussi plus dure et sauvage sur certains morceaux, cris à pleins poumons et aiguilles dans le rouge.

Pour le troisième album Bumper Crop, Prescott se retrouve une nouvelle fois dans l'obligation de recruter. Willians et Weigand ont jeté l'éponge en plein milieu de la tournée de la cote est pour passer plus de temps en famille et faire quelquechose de leurs vies… Mais le rock continue avec Prescott et c'est Chuck Hahn à la guitare et un certain Bob Weston, qui ne fait pas encore son poids, à la basse qui forment désormais Volcano Suns.
Le groupe maîtrise plus que jamais sa balance entre son approche rock et rageuse et sa filiation pop où ils se laissent aller à quelques finesses. Des compos solides à défaut d'être brillantes, le changement de personnel n'alternant en rien la qualité, Weston démontrant déjà sa capacité à faire sonner sa basse comme personne avant sa consécration avec Shellac.

Les années passent mais le groupe ne ralentit pas la cadence. En 1988, encore un nouvel album nommé Farced. Mais un changement de taille avec la signature chez SST records qui a le vent en poupe avec notamment Sonic Youth, Husker Du, Meat Puppets, etc… Le groupe continue son petit bonhomme de chemin avec plus ou moins de bonheur. Les choses restent en place, rajoutant un violon sur Where the wrecks go, quelques samples et même une cithare, des complexités dans les structures qui rendent ce disque moins évident et une inspiration sur l'ensemble emprunte de lourdeur. La photo sur le verso et à l'intérieur du disque les montre enterrés à moitié vivant, le groupe ayant apparemment donné de leurs personnes sur ces clichés où ils sont couverts de terre. Prescot a toujours voulu s'éloigner du sérieux de Mission of Burma et n'aura de cesse tout au long de l'aventure Volcano Suns d'essayer de manier le second degré et de donner une image résolument rock et non arty. Farced, un disque qui a du mal à se trouver.

Cadence infernale, c'est carrément un double album, Thing of beauty, que Volcano Suns réalise en 1989. Les groupes de rock n'avaient pas encore internet et passaient plus de temps à travailler leurs compos que leur site internet et leur merchandising. Volcano Suns, un groupe réputé pour avoir les t-shirts les plus horribles de toute l'histoire du rock. Encore une fois, le groupe change de guitariste avec l'arrivée de David Kleiler. L'œuvre débute sur une ballade à la seule guitare électrique avant de repartir comme en 14 avec ses perles pop-rock viriles qui glissent toutes seules. Après la déception de Farced, Volcano Suns reprend les choses en main avec son indéniable savoir-faire entre légèreté et dureté, des hymnes taillés pour la route et une reprise de Eno Needles in the camel's eye. Thing of beauty, peut-être le meilleur de Volcano Suns…

1990 sera une année vierge d'album. Pour une fois. On passe directement à 91 et leur dernier album Career in rock sur Quarterstick records, le petit frère de Touch and Go. Un titre révélateur pour signer toute une décennie au service du rock. Du rock relativement simple et frappeur, n'inventant rien mais fait avec enthousiasme et un certain talent. Ce Career of rock ne déroge pas à la règle des précédentes productions. La basse de Weston prend de plus en plus la tournure qu'on lui connaît, les compos prennent des accents rugueux mais les mélodies restent le nerf central. Plus que jamais, Volcano Suns a réussit l'alliage du rock et de la pop, de tout un tas de sentiments contradictoires fait avec modestie et sans prise de tête.
Un dernier disque pour la route tout de même avec le single Blue Rib (identique à la version sur Career of rock) et un inédit en face B, Openings, qui n'est pas un fond de tiroir, loin de là, avec le tite à chanter à l'unisson, le poing levé.

Une discographie homogène, excepté le coup de mou Farced, à laquelle il a sans doute manqué l'étincelle, le disque ou le titre qui fait l'unanimité et qui dépasse du lot. On aurait très bien pu les imaginer à faire une carrière à la Lungfish. Une carrière d'artisans dont le succès sera toujours d'estime et qui ne peuvent s'arrêter, faute de savoir faire autre chose.
Mais l'histoire n'est peut-être pas terminée pour Volcano Suns. Ils se sont réunit à nouveau en ce début 2006 pour quelques concerts ponctuels en soutien à un théâtre et sous l'initiative de Ira Kaplan, guitariste-chanteur de Yo La Tengo et grand fan des Volcano Suns. Après la reformation de Mission of Burma, tout est permis…

SKX (29/01/06)
www.myspace.com/volcanosuns
projectmersh.com/01%20White%20Elephant.mp3
projectmersh.com/02%20Cans.mp3
projectmersh.com/03%20Room%20With%20a%20View.mp3

Discographie ::

Bright Orange Years LP
Homestead Records (1985)
All Night Lotus Party LP
Homestead Records (1986)

Bumper Crop LP
Homestead Records (1987)




Farced LP
SST Records 1988




Thing Of Beauty LP
SST 1989

Career In Rock LP
Quarterstick Records 1991






Blue Rib/Openings 7"
Quarterstick Records 1991

+
Sea Cruise/Greasy Spine 7" (Homestead Records 1985)
Ultravixen on Human Music Compilation (Homestead Records)
White Elephant on The Wailing Ultimate compilation (Homestead)
Tree Stomp on Claws compilation (Throbbing Lobster)