tue
animadversion


Tue
More Child Flesh – CD
Animad Version records 2024

Tue. Trois lettres qui promettent l’enfer. Ça ne rigole pas du coté de Besançon. C’est même carrément le couteau entre les dents avec un titre comme More Child Flesh. Tue ne fait pas de quartier. Un groupe qui avait mis un goût de sang dans la bouche en 2022 avec un premier jet nommé Misanthropic Era. Tue n’est vraiment pas du genre à vendre du rêve.
Un groupe qui a la particularité de jouer avec deux batteries. De quoi donner encore plus de poids et d’allant à son noise/post-hardcore solidement charpenté. Des compos qui aiment s’étaler dans la durée dont trois qui tapent dans les huit et dix minutes. Tue n’opte pas pour la tactique de la guerre éclair et préfère adopter de multiples stratégies d’attaque, prendre son temps et torturer lentement pour faire plier son ennemi. Façon rouleau-compresseur avec sa doublette rythmique en mode tribal ou pilonnage, en disséminant des mines à fragmentation pour exploser sans savoir à l’avance dans quelle direction les éclats vont se loger, mitrailler par de grandes giclées de riffs à 360 degrés, arroser sans discontinuer pour maintenir une pression permanente, poser des pièges et faire croire à un cessez le feu pour mieux porter le coup fatal. Tue sort toute la panoplie du parfait hardcoreux qui a parcouru toutes règles du noise-rock pour infliger une farouche dérouillée. Avec beaucoup de savoir-faire évoquant une certaine filiation avec les parisiens de Revok et surtout pas mal de cœur. Car c’est loin d’être aussi barbare que leur patronyme et le titre d’album laissaient suggérer. Tue sait y mettre les formes, de la subtilité dans ses plans rythmiques, insuffler de l’émotion, aussi noire soit-elle. Ça sent le désespoir à plein nez derrière la rage. Le mélange donne plus d’une fois des moments donnant envie de serrer les poings ou que ça te remue brutalement les tripes à l’instar de l’ultime morceau, l’épique et éclate Nietzschore brûlant dans les confins de la déraison, tout comme Wild Pride. Tue possède également le sens du rock pour réchauffer l’atmosphère, sortir les riffs qui excitent les nerfs (The Doctrine ou le plus direct Emancipation’s Blood) avec les chants grondants derrière pour alimenter le bouillonnement. Tue débute parfaitement dans la vie et offre une belle pièce de chaire fraîche, orageuse et douloureuse.

SKX (18/05/2025)