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Nape Neck
s/t – LP
Occii/Dot Dash Sounds/Red Wig records 2025

Il aura fallu le temps mais les deux enregistrements de Nape Neck voient enfin le jour sous un beau vinyle noir pour le sortir de la confidentialité parce qu'il le mérite amplement. Les huit titres de leur premier enregistrement sorti en cassette et remontant à février 2020 (une éternité, rappelez-vous, l’année où le monde se mettait en quarantaine et où plus rien ne serait pareil ensuite, un monde meilleur allait s’ouvrir devant nos esprits enfin éclairés) et les cinq titres de Look Alive EP en mars 2022, toujours en cassette, qui avait eu le droit de citer en temps et en heure. Remixé (par Matt Ben qui avait déjà enregistré les deux cassettes) et remasterisé (par Arnold De Boer, chanteur de The Ex) pour l’occasion, ce vinyle peut donc être considéré comme le premier album du trio de Leeds avec juste un peu de retard à l’allumage.
Les versions ne sont pas franchement dissemblables. Au jeu des sept différences, je perds à chaque fois. Par contre, le son bénéficie d’un bon coup de boost. De quoi rendre ce post-punk fougueux et coupant encore plus fougueux et coupant. Et piquant aussi. Vu il y a moins de trois semaines pour un concert chez l’habitant un dimanche en fin d’après-midi à Rennes, Nape Neck a confirmé son potentiel hautement dissonant et son groove mutant issu des grandes heures du post-punk historique et des chromosomes que The Ex, Dog Faced Hemans ou Badgewearer ont brillamment laissé sur leur passage. Un concert où on a aussi pleinement pris conscience à notre dépend car horriblement trop fort de l’importance du chant et le fait que la bassiste Claire Adams, la batteuse Kathy Gray et le guitariste Bobby Glew chantaient tous les trois dans un dialogue incessant. Heureusement, sur disque, ça passe sans aucun problème. C’est même une source de frappe redoutable, une véritable marque de fabrique enthousiasmante.
Nape Neck, un tourbillon aussi frénétique que sec, une rythmique inventive qui fait feu de tout bois sans prise de tête pour faire danser de travers et donner des entorses aux genoux. La guitare tourne autour comme un moustique assoiffé de sang, gratte, cisaille, fournit bruit et chaos, ponctuant de notes tordues et riffs non répertoriés dans le manuel comme sur The Gate de quoi rendre ces compos encore plus nerveuses, étonnantes et vivantes. Et corrosives parce sous des faux-airs entraînants et trépidants où le fun n’est pas absent, Nape Neck mord, met l’intonation plus d’une fois sur le mot punk, sur l’aspect noisy, fait des nœuds dans le cerveau pour mieux les exploser et se fait extrêmement consistant. Un disque comme un témoignage de débuts très réussis mais qui commence à dater désormais. La suite est vivement attendue.

SKX (06/02025)