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Loins
Afterglow – LP
If Society/Reptilian/Permafrost records 2025

Loins avait servi un excellent apéritif en forme de six titres deux ans auparavant. Place au plat de résistance avec le premier album dénommé Afterglow et c’est un régal auquel s’associent le label finlandais If Society, l’américain Reptilian et le français Permafrost toujours dans les bons coups. Il serait facile de voir dans ce trio finlandais un ersatz de Shellac. Mais ces trois là réunis possèdent ce son noise-rock made in Chicago dans le sang depuis leur plus tendre enfance, ont eu l’occasion de le décliner avec brio dan leurs précédents groupes (Fun et Baxter Stockman), ne savent et n’ont envie de faire que ça et ils en maîtrisent tellement les codes qu’ils transcendent largement cet héritage qui n’a jamais paru aussi léger que sur cet Afterglow. Sauf sur For Keeps, crédité comme étant une reprise de Don Van Vliet/Captain Beefheart (mais dont jamais personne a entendu parler), à moins que ce soit un autre pseudo post-mortem que Loins a décidé d’attribuer en forme d’hommage à Steve Albini tant ce morceau est ce qui se rapproche le plus de Shellac avec ce plan rythmique à rallonge qui fait du surplace avant la pétarade finale.
Pour tout le reste, à savoir huit morceaux, c’est fête à tous les étages, le noise-rock dans ce qu’il a de plus tendu, nerveux et sec mais sans la froideur. C’est même cette touche rock’n’roll qui fait toute la différence. Un groove indécent et chaleureux dans toute sa précision qui fait trépigner de plaisir et des riffs rouges effilés sacrément pénétrants et inspirés donnant à Loins un chèque en blanc pour faire ce qu’il veut de ses influences tant que le résultat est de cet acabit dépassant ainsi largement le cadre de comparaisons rendues caduques. Tapis rouge pour une écriture fine et racée de missiles noise-rock qui ont tous des allures de tubes, même quand Loins se calme au détour de Wave ondulant à plus de cinq minutes dans des méandres sombres à la tension sous-jacente. Du morceau introductif (Don’t Have It In You) avec l’invitée Nea Helsto (la chanteuse de Echo Is Your Love) au trépidant No Place Like Home renvoyant à Mainline du précédent EP pour son caractère fun et brûlant, en passant par les secousses de Carpetbagger ou du titre qui a donné son nom à l’album, Loins fait une démonstration d’intensité et d’urgence sans aucune trace de gras, de force dans un gant de velours avec une facilité et un naturel déconcertants, scalpant au plus près le noise-rock tout en le faisant se trémousser. De quoi écrire une nouvelle belle et brillante page d’une famille noise qui ne connaît pas la crise. Et encore moins un quelconque problème de descendance. Loins s'en faut.

SKX (12/06/2025)