theex
exrecords


The Ex
If Your Mirror Breaks – LP
Ex records 2025

If Your Mirror Breaks n’est pas synonyme de sept ans de malheur mais de quarante-six ans de bonheur. The Ex, une longévité incroyable entrecoupée de silence de plus en plus long. Les retrouvailles n’en sont que plus intenses. Un single l’année dernière avait annoncé le retour d’un groupe qui s’était fait rare depuis 27 Passports. Sept ans mais on n’est plus à ça près quand un groupe se permet de sortir un vingtième album ou un truc dans le genre, affiche une vaste et imposante discographie qui n’a jamais connu la médiocrité. Certes, ce n’est plus le The Ex des grandes heures, on sait où on met les pieds mais If Your Mirror Breaks est un album encore incroyablement rafraîchissant, la preuve que nos Hollandais préférés sont toujours créatifs à défaut d’être innovants (après toutes ces années, qui leur en voudrait à part quelques pisse-froids) et qu’ils jouent une partition éternellement unique qui fait une nouvelle fois son effet.
Les trois guitares de Terrie Hessels, Andy Moor et Arnold de Boer (qui rajoute le chant à sa panoplie) volent dans les airs en traçant des lignes inspirées, débordantes d’énergie, se fracassant joyeusement dans des éclats bruitistes jubilatoires, libres d’aller où elles veulent et se réinventer sans cesse dans un jeu à trois riche d’enthousiasme et de vertige. La vision singulière de la batteuse Katherina Bornefeld qui a toujours été une caractéristique prépondérante de l’univers de The Ex impulse son rythme inimitable et c’est toute la magie The Ex qui se met en branle.
Un album également marqué par une mélancolie plus présente et pas uniquement parce que ce disque est dédié à Steve Albini. Le répertoire de The Ex a toujours été semé de morceaux qui faisaient vibrer plus intensément la fibre émotionnelle, des effluves graves et profondes dont l’écho se retrouve par trois fois dans le dédale des mélodies du sublime Monday Song, de Circuit Breaker qui l’est tout autant et du plus dépouillé Wheel chanté par Katherina et qui a tout pour devenir un moment fort de The Ex en concert. On trouve même quelques traces conséquentes de ce spleen inquiet dans l’agité Spider And Fly dont le dialogue des guitares est captivant. Mais If Your Mirror Breaks est également rempli de colère avec les remontés et énervés The Loss ou In The Rain, de joie, d’excitation, de transe dont The Ex ne cesse de tirer la sève depuis leurs expériences éthiopiennes et qui s’en paye encore une bonne tranche avec Great! qui a été rallongé d’une bonne minute par rapport à la version single (ce qui n’est pas le cas de The Evidence dont parait-il la version est pourtant différente), de Beat Beat Drums ou les six minutes de The Apartment Block. C’est la vie et toutes ses turpitudes, c’est The Ex qui joue avec, qui après toutes ces décennies d’activisme a toujours des choses à exprimer, à faire vivre, à partager comme si ce groupe avait débuté hier, comme si ça semblait couler de source. On ne mesure pas notre chance. Respect.

SKX (21/07/2025)