blessings
pelagic


Blessings
Blodsträngen – LP
Pelagic records 2025

Blessings, un groupe suédois qui, après une première cassette en 2012 (Bittervatten), a dû se poser les mêmes questions que Neurosis après The Word As Law. Comment faire son évoluer son hardcore-noise de base, se démarquer du troupeau et accoucher de son propre Souls At Zero. Loin de moi l’idée de comparer les deux groupes mais dans l’approche, on sent poindre de fortes similitudes, des envies d’émancipation par rapport à un cadre trop strict, une soif de liberté, mélanger les genres, diversifier les ambiances et rien à foutre des chapelles.
Après sept ans de réflexion, cela avait débouché en 2019 sur Biskopskniven, un album publié sur leur minuscule structure Dålig Stämning et dont le plus gros label berlinois Pelagic avait flairé le bon coup pour le sortir de l’anonymat en 2021. La suite, cette année, avec Blodsträngen, pour amener l’expérience encore plus loin, repousser les limites, peaufiner l’approche, la rendre encore plus belle et incroyable.
Parce que c’est ce qu’il est ce disque, renversant. Il prend son temps pour grandir en vous, chaque écoute est meilleure que la précédente, des détails qui vous séduisaient moins prennent sens dans la globalité du morceau, dans la globalité de l’album, tout se met en place peu à peu et Blodsträngen devient au final complètement envoûtant. Blessings, un groupe noise-rock, hardcore, punk ou metal et tous les dérivés qu’il vous semble bon d’ajouter comme peut l’être Coilguns ou Breach pour faire local et remonter le canal historique. Un groupe hybride n’appartenant à aucune scène, se nourrissant de multiples sources et humeurs pour créer son propre univers, qui vous fait penser à plein d’autres groupes mais qui ne ressemble qu’à lui à l’heure du bilan.
Blessings est en constante recherche et les idées fusent. Le quatuor suédois dont les membres sont loin d’être à leur premier groupe jouent avec les sonorités (et le son est dingue), les volumes, offre de l’espace à des compos aussi riches que spacieuses, ne surchargent jamais d’un trop plein d’informations mais les textures s’empilent, des sons nouveaux apparaissent à chaque nouvelle écoute, les digues éclatent et l’eau s’étale de toute sa clarté.
Blessings est aussi puissant qu’aérien, sacrément intense, met en transe, n’a pas peur d’être mélodique, épique ou agressif, percute violemment dans la minute cinquante de Copper + Dirt ou s’étire dans de longues tirades profondes et hypnotisantes (Clean, Through Veils) aux reliefs bigarrés, entre accident et lévitation, lourdeur et envolées à l’amplitude démoniaque. Les accroches sont multiples, la batterie et les percussions font un travail remarquable et propulse un groove magnétique, le son de la basse transperce le bide, les cavalcades de synthés (Strings Of Red) ne font même pas peur (sur Allt Vi Kan Ge Är Upp c’est même un des points forts) et s’inscrivent parfaitement dans un schéma plus grand où les surprises sont récurrentes, que ce soient dans les sonorités, les arrangements ou l’agencement ambitieux tout en restant sobre des compos qui possèdent toute leur propre personnalité. Vous rajoutez des riffs saignants et marquants pour donner encore plus d’épaisseur et de grandeur à des titres qui claquent (le brûlot No Good Things ou Raised On Graves ouvrant magistralement l’album) et Blodsträngen explose la tronche autant qu’il transporte dans des sphères sombres et dramatiques. Extase.

SKX (13/11/2025)