birthdefects
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Birth (Defects)
Deceiver/Mirror – LP
Reptilian records 2025

Un album que personne n’attendait. Pour la simple et bonne raison que personne (ou presque) savait que Birth (Defects) en avait enregistré un… en 2017. Un de ces très nombreux groupes qui n’avaient fait que passer. Deux singles et des bons en 2015 et 2016 puis disparition totale des écrans radars. Mort et enterré. Ce qu’on apprend huit ans plus tard, c’est que le groupe de Baltimore était parti en studio avec Nick Skrobisz (Multicult) enregistré son premier album et que le groupe avait implosé en pleine session. Mais c’était sans compter sur l’obstination des membres du groupe qui ont laissé de coté leur affect et ont enfin réussi à donner vie à ces morceaux qui avaient eu le temps d’être mis en boite. Et comme ce groupe semble être né sous la mauvaise étoile, il a eu la bonne idée de réserver les services de Steve Albini pour mixer ce maudit album en 2024. Il est arrivé ce que vous savez à Albini et c’est finalement Matthew Barnhart avec la mastérisation de Bob Weston qui ont mis la touche finale avec quelques overdubs supplémentaires à Deceiver/Mirror.
Un album qui s’inscrit donc en toute logique dans la continuité des deux singles. Avec une référence au Bleach de Nirvana bien plus poussée et qui n’était pas aussi marquante à l’époque. Quoique, c’était Metz qui était cité, on n’était pas loin. Une mixture grunge-noise-punk avec des groupes de chez Amrep dans la ligne de mire (Hammerhead, Janitor Joe), Cherubs, Pissed Jeans ou Clockcleaner aussi, quand ça raffûte, que c’est sale et que de la mélodie s’insinue dans le bordel. Un quintet avec deux guitares, des effets électroniques pour rajouter du bordel au bordel bien que ça reste discret et un chanteur en déambulateur. D’où le nom du groupe. Ça n’empêche pas Sean Gray d’éructer sans coup férir ou de parler froidement, détaché, les yeux dans les yeux toujours. Il faut se préparer à accepter la merde, quelle qu'elle soit, qui viendra combler le trou.
Alors Birth (Defects) fonce sans état d’âme, avec simplicité et brutalité, nourrit sa frustration avec des riffs graisseux remplis de graviers qui peuvent subitement couper tous les effets pour mieux marquer les contrastes et ajouter de l’efficacité à des morceaux qui ne manquent pas d’accroches. Vous n’avez qu’à demander à Under, le tube de Deceiver/Mirror. Birth (Defects), c’est très classique dans la forme et le fond. Les couplets, le refrain, le pont musical bien imaginé comme sur Guiltless, la mélodie mais pas trop qui fait mouche tout en étant rustre, sauvagement basique avec plein de séduisantes trouvailles à l’intérieur, rafraîchissant avec un son goudronneux, succession de passages heavy et primitifs et d’envolées plus lumineuses. Nirvana se place définitivement dans le karma de Birth (Defects). Un karma qui n’aura pas donné une vie facile à Birth (Defects) mais il a fini par sourire, son album posthume est là et cela aurait été bien dommage de ne pas pouvoir profiter de ces compos grandement engageantes qui font du bien.

SKX (25/07/2025)