yc-cy
phantom


YC-CY
Wake Me Up Again – 7’’
Phantom records 2024

A réécouter le premier album en 2016 et ce nouveau single, il n’est pas certain de pouvoir reconnaître le même groupe. YC-CY, en quatre albums rapprochés, n’a cessé d’évoluer. Mis bout à bout et en suivant de près le groupe suisse à chacune de ses sorties, ça ne fait pourtant aucun doute. YC-CY franchit donc un nouveau pas, dans la continuité de Every Time I Close My Eyes, toujours un peu plus loin dans l’hybridation, toujours un peu plus éloigné des standards noise-punk-hardcore des débuts, standards que YC-CY n’a eu de cesse de triturer, pousser dans ses retranchements. Wake Me Up Again ressemble même à une fuite en avant.
Ecstasy
, le premier des quatre titres, est fait pour chauffer le dance-floor. Rythmique basique qui flashe et cogne pour faire halluciner les zombies sous les stroboscopes. Jamais YC-CY ne s’était montré aussi entraînant et mélodique dans le chant. Mais dans le fond de la salle, des types bizarres à l’air blafard font des bruits pas catholiques, perturbent les bonnes ondes, tapissent le paysage d’une couche sonore toxique. Ecstasy en plein bad trip new-wave-noise. Inattendu mais ça fonctionne et laisse un goût amer. Parce que le malaise n’est jamais loin chez YC-CY, cette inclination pour le désespoir, cette rage écumante. Ce que tend également à prouver les trois autres morceaux, à commencer par Figure Of Speech. Les sonorités ont été modifiées, les guitares ne font plus des sons de guitares, le chant n’est plus un long cri aliénant mais YC-CY conserve cette approche punk, dure et funeste. Un synthé imite le feu d’artifice sur Birthright, lézardant le sombre ciel de stries qui tentent d’illuminer la désolation et l’abandon qui suintent pendant que la rythmique essaye encore de faire danser. Basse et batterie n’arrivent pas à faire oublier qu’il est parfois bon de ne pas se réveiller. Wake Me Up Again a beau sortir des oripeaux plus flashy et séduisants, la situation reste tendue à l’arrière. De multiples bruits grouillent, se répandent, grattent, formant des textures étranges dont il faut se méfier et empêchant toutes embellies. L’ambiance n’est toujours pas à la fête chez YC-CY dont la mue n’a pas fini de surprendre et qui ne sera pas du goût de tout le monde. Un disque joliment dédié à Armin Hofman qui avait publié trois albums de YC-CY sur X-Mist.

SKX (06/04/2024)