waxdonut





New Wave Donut
A Raucous Tribute To The Birth Of Post-Punk - LP
Wax Donut records 2024

Pour que le tribute à Jesus Lizard ne fasse pas le voyage tout seul dans son parquet cartonné au-dessus de l’Atlantique, il a été accompagné par la compilation A Raucous Tribute To The Birth Of Post-Punk éditée par le même label de Portland, Wax Donuts records. Son boss, Morey Straus, ne cache pas être un grand fan de post-punk mais aussi de new wave, deux termes suffisamment vagues pour englober quantité de musiques variées entre la fin des années 70 et le début 80. On ne va pas se lancer dans un grand débat sémantique sur la signification de ces deux genres musicaux recoupant souvent les mêmes groupes et qui peut en plus être différent selon les pays tout en sachant que vers 76-77, de nombreuses personnes utilisaient le terme new wave pour parler des groupes punks.
Et ce n’est pas cet hommage à cette époque musicalement très créative qui dira le contraire. Aussi bien Siouxsie And The Banshees que Eurythmics, Tears For Fears ou Theatre Of Sheep, ça brasse large mais avec un dénominateur commun. Tous les groupes au générique œuvrant dans ces reprises sont issus d’une scène noise et rock (plus ou moins) sauf pour les impayables Bovine Nightmares qui avaient déjà largement saccagé Monkey Trick et qui, constant dans l’effort, en font de même avec Here Comes The Rain Again de Eurythmics. Chapeau l’artiste. On retrouve d’ailleurs plusieurs groupes figurant sur ces deux tributes. Wipes se paye Tubeway Army (Gary Numan) et dynamite leur tube Are Friends Electric? avec ce fin dosage noise-sludge dont nous sommes si friands. Night Goat se frotte à Siouxsie And The Banshees avec Bring Me The Head Of The Preacher Man. Difficile de croire que c’est la même chanteuse, Julia Bentley, qui troque son chant venimeux pour cette voix mélodique et captivante mais le résultat est une nouvelle fois très convaincant et encore plus envoûtant et puissant que l’original. Quant à The Kronk Men, ils reprennent en version instrumentale Pyramids Of Babylon, un morceau de Theatre Of Sheep, groupe plutôt obscur de Portland début 80 avec Rozz Rezabek, ex-Negative Trend, morceau à la base pour le coup tendance proto-punk avec une touche de surf music !
Autre curiosité, Science Man, le projet de John Toohill (Alpha Hopper) reprend Suburban Lawns, groupe californien partageant la scène fin 70 avec X et Saccharine Trust. La tendance est là aussi plutôt bien punk et dans les mains de Science Man, ça file sec et droit, l’herbe ne repousse pas et la new wave en prend un sacré coup derrière la cafetière. C’est aussi une curiosité mais pour des raisons différentes. Ministry n’est pas franchement le groupe associé aux termes post-punk/new wave. Mais leur tout premier album With Sympathy en 83 était un aimable et gentil disque new wave/synth-pop que Al Jourgensen a bien sûr férocement renié depuis. Basement Family, un trio de Chicago qui a sorti son dernier album sur The Ghost Is Clear, se fait un malin plaisir de nous le rappeler en reprenant Work Of Love et en lui donnant une consistance que même Jourgensen aurait préféré signer plutôt que l’ignoble guimauve d’origine. Par contre, Orchestral Manoeuvre In The Dark et Tears For Fears, ça parle à tout le monde. Electricity par NAW (groupe d’Atlanta ayant récemment sorti un split 10’’ avec Asbestos Worker) et encore plus Everybody Wants To Rule The World par Glose sont deux merveilleuses torpilles des originaux dont ils conservent tout le sel de la mélodie en leur appliquant une bonne claque bruyante, abrasive et punk sur les fesses.
De quoi s’intéresser de près à ce disque qui, comme tout ce genre d’entreprise, peut s’avérer relativement anecdotique mais se relève au final enrichissante et au-delà de divertissante.

SKX (22/05/2024)