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Ultra Lover
Faith Healer // Absolute Future – LP
Drum Circle Death Cult/The Ghost Is Clear records 2024


Coup de foudre à Stockholm. Impossible de résister à Ultra Lover. Le groupe suédois sort tous les atours noise-rock pour vous séduire. Une déclaration en bonne et due forme, enflammée, avec stridences ravagées, giclées de bile vitriolées et gros coups de nerf vicieux. C’est beau l’amour.
Faith Healer était le nom d’un premier EP paru en 2022 en version cassette. Ces six titres constituent la face A. Absolute Future est le nom de cinq nouvelles compositions. Elle se trouvent sur la face B. Mon tout forme une magnifique carte de visite de membres qui traînent leur ennui dans de nombreux autres groupes comme The Gift Is A Curse ou God Mother. Avec Ultra Lover, c’est leur passion pour le noise-rock qui les réunit avec la fougue et l’intensité rock d’un Metz se détraquant dans les méandres de structures régulièrement plus fracassées et sauvages. Sur chaque face, Ultra Lover s’épanche sur deux titres au-delà des sept et huit minutes (The Promised Land et Grave Boy), des cavalcades hallucinées parties pour s’auto-consumer dans leur débauche mais que le quatuor arrive miraculeusement à maintenir dans le droit chemin alors que la tension ne faiblit jamais et même si Grave Boy joue la carte de la descente de bad trip et de la lente et lourde déflagration pour vous achever.
Mais comme Ultra Lover n’apprécie pas que l’amour vache, il fait aussi preuve de grand coeur, de rythmes syncopés, d’ouverture mélodique, de plus de tranchant que de gras, égrener les riffs brillants et d’un allant naturel ne forçant jamais le trait. En clair, Ultra Lover sait parfaitement chiader ses morceaux, ne pas aborder frontalement la violence, louvoyer insidieusement (jusqu’à ne faire que ça sur le cotonneux et expérimental instrumental 16 Eyes), une volonté d’étreindre plutôt que tout saccager. Doors alterne ainsi parfaitement les vitesses et les accès de violence. 14 (Or 14.000 Maybe?) aurait très bien pu figurer sur un disque de Buildings et l’intro à la basse du génial Midnight Marker est juste impeccable et rappelle qu’un bon disque de noise-rock ne serait exister sans une basse distordue crachant tout son corps. Et puis vous avez tous ces morceaux fulgurants, des uppercuts ne prenant pas le temps de respirer comme Holy Ghost ou Anti-Christ In Neon Lights. Un sample d’accordéon pour débuter. Un morceau en entier (Black Light Blues) dans un registre totalement incongru, genre musique de kermesse ou fin de bal avec crooner aviné, pour terminer. Ultra Lover n’aime pas la routine et tente par tous les moyens d’entretenir la flamme. Il réussit parfaitement dans son entreprise, visitant tous les recoins du noise-rock, alternant le chaud et le froid, les signes d’empathie pour vous attirer dans ses filets, les faux sourires et les vrais coups de savate dans les tibias avec passion, justesse et un immense savoir-faire. Demande en mariage immédiate. Pour le meilleur sans le pire.

SKX (28/03/2024)