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Opus Kink
My Eyes, Brother! - LP
Nice Swan records 2023

Quand un groupe vous rappelle Motherhead Bug, vous n’hésitez pas longtemps. Quand l’époque du Mercy Seat des Bad Seeds et son Nick Cave se joint à la fanfare, l’affaire est dans le sac. Alors certes, le groupe d’un autre siècle Motherhead Bug est très certainement totalement inconnu pour Opus Kink, jeune groupe anglais de Brighton, quand, de l’autre coté de l’Atlantique à New-York, David Ouimet, l’ex Cop Shoot Cop, dynamitait les troupes cuivrés d’un bon coup de pied punk dans les valseuses folkloriques. Mais faut croire que l’espace-temps se plie et se déplie à volonté, c’est pas de la science-fiction et Opus Kink en remet une couche dans le genre orchestre punk exalté.
Six musiciens avec cuivres et claviers pour pimenter les rapports tendus d’un outillage rock qui charbonne avec ferveur et tumulte. Sept compos, dont un interlude (Tin Of Piss) comptant pour du beurre, étalant de toute une classe une volonté constante de se griller les neurones en s’approchant trop près du soleil mais c’est ainsi que Opus Kink conçoit son destin. Ça sera tout ou rien. Un allant absolu, pas de calcul, toujours proche du chaos, de la passion, de l’amour et les emmerdes qui vont avec. Dans le rôle du narrateur, Angus Roger dont le chant intense et expressif fait vivre pleinement des histoires auxquelles je pige rien mais c’est pas grave, c’est l’impression qui compte.
Le sextet peut se permettre de fréquenter de trop près les plates-bandes des Bad Seeds sur Chains en ouverture, de fracasser des élans jazz sur l’autel de la frénésie et de déferler dans les cuivres retentissants, My Eyes, Brother! possède un souffle immense sur lequel on ne peut mégoter, emportant tout sur son passage dans des compos diaboliquement haletantes. Avec ce coté bien sombre et urgent pour contrebalancer le cirque ambiant à la représentation disloquée courant à sa perte. Avec des rafales de batterie et une basse sachant magnifiquement faire entendre ses rondeurs, des arrangements brillants et illuminés, avec plein de bruits qui s’agglutinent comme sur 1:18, des envolées superbes et irrésistibles (Piping Airlines, Children), des tourbillons qui font perdre la tête, des mélodies agitées et des processions prolixes. Et surtout une envie d’en découdre, de mettre du bordel et de la vie n’arrêtant jamais, taper sans faire mine, emballer en permanence des morceaux finissant toujours par se brûler dans un grand feu de joie enthousiaste. Opus Kink en fait voir de toutes les couleurs et c’est beau à vivre.

SKX (04/03/2024)