flatworms
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Flat Worms
Witness Marks – LP
God?/Drag City records 2023

C’est pas que cette gazette internet découvre Flat Worms avec ce troisième album Witness Marks mais il avait toujours manqué un soupçon d’intérêt pour donner envie de se procurer leurs disques précédents. C’était bien, agréable mais sans ce petit truc qui titille les nerfs et créer ce besoin d’y retourner. D’une mouvance garage-rock avec la présence de Ty Segall, un des apôtres de cette scène, derrière la console depuis le premier album en 2017 sur Castle Face, label de John Dwyer, autre apôtre du milieu, il était difficile pour Flat Worms d’échapper à cette étiquette. Le trio de Los Angeles, notamment sur Witness Marks, montre qu’il va pourtant bien au-delà de ce genre et ses codes. D’où mon regain d’intérêt très certainement.
Witness Marks, c’est le genre de rock qui claque, capable d’être sec ou abrasif, d’aspect noise avec une basse qui bourdonne volontiers et une guitare qui met le feu aux poudres en matière de dissonances rougeoyantes ou portant le rock’n’roll plus simplement mais très efficacement avec entrain et mordant. Sans surplus de saletés, un son travaillé, vigoureux tout en restant naturel et toujours cette guitare qui attaque généreusement et frénétiquement les cordes provoquant de belles gerbes électriques comme sur Time Warp In Exile ou Sick Of My Face. Et puis ce chant souvent froid et distant qui renvoie à Spray Paint, ce qui est une très bonne chose, un vernis contradictoire avec la chaleur renvoyée par la musique. Mais ce n’est pas toujours le cas. Will Ivy sait mettre également des intonations mélodiques allant de pair avec des morceaux plus entraînants (16 Days et le marquant See You At The Show avec son gimmick de clavier ou un truc qui y ressemble tout bizarre au début), s’engager sur un chemin plus colérique et volontaire. Ça offre un cocktail fort réjouissant, une collection de onze morceaux unis dans la qualité mais n’ayant rien d’un bloc monolithique, bien au contraire. Flat Worms aligne de l’hymne mémorable donnant cette fois-ci l’envie d’y retourner, de s’enfiler des compos qui ont pris de l’épaisseur, du frontal Sigalert ouvrant les hostilités de la meilleure des manières au final Witness Marks avec sa pointe de psychédélisme dans la guitare tournoyante en passant par le punky Orion’s Belt ou Wolves In Phase à la sensibilité plus grave et sombre. Leur meilleur album à ce jour.

SKX (13/03/2024)