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The Conformists
Midwestless – LP
Computer Students records 2024

Les années passent et The Conformists persiste. On croit que ça ne respire plus mais ça bouge encore. Sans provoquer de grands frissons mais leur place est gardée bien au chaud. Huit ans que le groupe de St Louis n’était pas sorti de sa tanière. Il revient avec un de moins. Le chanteur n’est pas un poste stable. The Conformists passe en trio et les trois restants se testent au chant. Heureusement, ce nouvel album est majoritairement instrumental car ce n’est pas leur point fort mais ça passe, rien de dramatique.
Là ou Chris, Pat et Chris excellent par contre, c’est dans la fabrication toujours aussi unique de compos aux motifs répétitifs comme un bégaiement diabolique. L’art de contrarier, d’asticoter et du contre-pied, faire finement évoluer une structure sans que ça donne l’air d’avancer puis refaire trois pas en arrière et deux de coté. Un noise-rock froid et joueur. Sarcastique et déconcertant. Et toujours aussi économe d’efforts. Six nouveaux titres seulement. Ou plutôt cinq vu que le premier morceau sans titre, si jamais on peut appeler ça un morceau, dure dix secondes et représente le thème qui va servir de thème de base à l’ultime titre Five-Year Napsence qui lui va durer plus de onze minutes. Si dix secondes n’avait pas suffi pour le mémoriser, là, vous allez en avoir jusqu’à en crever, jusqu’à plus en pouvoir de cette répétition infernale et outrancière. Qui ne dure pas en fait tout le morceau puisque le début est ce qui est de plus normal. Pour du Conformists s’entend. Mais les sept bonnes minutes finales sont bloquées sur ce thème ultra minimaliste. Vil remplissage ou marque de fabrique jusqu’au-boutiste de The Conformists. Les deux mon adjudant mais ce groupe a toujours adoré jouer avec vos nerfs, c’est leur fond de commerce et ils doivent bien se marrer à pondre des fins de ce genre.
Il faut donc se concentrer sur les quatre titres restants. Ça fait peu pour un retour où il était permis d’attendre plus de panache. The Conformists semble plusieurs fois en mode pilotage automatique mais ils font ce qu’ils savent faire depuis plus de vingt ans avec un savoir-faire toujours maîtrisé, appliquant la recette avec doigté et en sachant placer des taquets d’intensité là où il faut pour que ça vive et relève le niveau (toute la fin de Song For Rincón Pío Sound et aussi Mr. Biron) sans oublier ce brusque décrochage mélodique au milieu de Wrong Off qui fait tout le sel d’un groupe qui aurait pu abuser d’encore plus de piment. Ce que fait parfaitement et comme d’habitude Computer Students qui en met plein la vue avec son emballage en alu, un méga poster recto-verso et une pochette gatefold avec la reproduction d’un article de journal datant du 23 novembre 1980 parlant du décès de Kenneth W. Swyers après une tentative de saut en parachute depuis la Gateway Arch à St Louis. Aucune idée pourquoi The Conformists a décidé de mettre cet article en avant mais ça fait longtemps que je n’essaye plus de comprendre ce groupe.

SKX (02/04/2024)