beigepalace
humanworth


Beige Palace
Making Sounds For Andy - LP
Human Worth records 2023

Second album de Beige Palace, Making Sounds For Andy est une ode joyeuse, détraquée et instable au monde du bruit. Un titre d’album qui a un rapport avec le batteur Ant Bedford dont le surnom est Andy et un clin d’oeil à XTC et leur chanson Making Plans For Nigel. De la mélodie, vous en avez chez le trio de Leeds mais elle est systématiquement cassée, déviée de sa trajectoire, Beige Palace étant adepte de jeter des clous quand la route devient trop limpide. Les accroches, ce n’est pas ça qui manque dans Making Sounds For Andy mais rien n’est donné dans la facilité. Les dissonances sont importantes, dérangeantes. Les chants auxquels participent les trois protagonistes montent dans un registre aigu ne caressant pas dans le sens du poil, parfois à la limite de la justesse et de l’agréable. Les structures suivent un chemin souvent erratique comme si le groupe anglais comprenant également Kelly Bishop (synthé, violon, chant) et Freddy Vinehill-Cliffe (guitare, chant et derrière le micro également au sein de Thank) aimait balancer au hasard sur un mur invisible leurs idées déjantées en les remontant à la hâte avec spontanéité sans se soucier que les articulations fonctionnent parfaitement et que les différentes pièces soient remontées dans le bon ordre. D’où un aspect sans fioriture, dépouillé et décousu bien que cet album présente une facette plus carrée que son prédécesseur. Et pourtant, Making Sounds For Andy est une mécanique sacrément jubilatoire et entraînante. Les grincements sont comme de l’huile dans l’alchimie particulière de Beige Palace. On ne sait pas toujours ce qui se passe à l’instar de Waterloo Sublet, titre du split single avec Cassels qui se retrouve à l’identique ici (hélas), l’angoisse est palpable, tout risque de se casser la gueule ou d’exploser à n’importe quel moment. C’est de cette insécurité constante que naît un bordel mi-accrocheur mi-déstabilisant, une confusion pleine de tension et de panique se jouant sur un fil réjouissant et sans prise de tête additionnelle. Une bien belle tranche de vie et un disque de noise-rock excellemment décalé.

SKX (27/01/2024)