baratro
improvedsequence


Baratro
The Sweet Smell Of Unrest – LP
Improved Sequence records 2024

Baratro ne fait pas qu’une musique à écrouler des ponts et provoquer ruine et désolation dans son sillage, c’est aussi la quintessence du noise-rock. Celui qui étouffe, ne fait aucune concession, salement ténébreux, agressif, angoissant, saturé, aussi lourd que méchamment décapant, explosif en laissant des bouts de chair fumante un peu partout. Vous en prendrez bien une dose ?
Retrouver Dave Curran dans l’affaire, l’ex-bassiste d’Unsane mais aussi Pigs n’est donc pas une surprise. Surtout si vous n’avez pas raté le premier épisode trois ans auparavant, Terms And Conditions. Avec Federico Bonuccelli à la guitare et Luca Antonozzi en tant que nouveau batteur, le trio basé en Italie à Bologne opte pour la politique de la terre brûlée. Avec un son qui ne fait pas dans la dentelle. Un son qui écrase, touffu, pas d’espace pour les braves. Ça broie, taillade, hache avec des coulées de bave crépitante qui tentent de s’extirper sous la pression infernale. Dave Curran n’est clairement pas là pour rigoler. Car si Baratro n’est pas que le groupe de l’ex-Unsane, c’est quand même lui qui a produit, enregistré, mixé, masterisé The Sweet Smell Of Unrest et aidé à l’élaboration de la pochette. Et qui par son approche dans Baratro met en charpie tous les groupes précités. Niveau au-dessus dans la nuisance et franchement pas là pour caresser dans le sens du poil. C’est un pur et dur. Et j’aime ça. Tout comme son chant. En temps normal, faudrait consulter d’urgence mais dans le cadre d’un groupe noise-rock, ce profond éraillement des cordes vocales touche au sublime, voir est la touche finale d’un tableau libérant la bête qui sommeille en vous. Tout est fait pour le malaise, l’intoxication des sens, rentrer dans le lard, écorcher jusqu’au sang.
The Sweet Smell Of Unrest, c’est la douce odeur d’un noise-rock qui a fait ses preuves depuis Unsane mais sublimé ou plutôt magnifiquement saccagé par des trompe-la-mort que rien n’effraie. Surtout pas un surplus de basse que Curran sert massivement frappée et distordue pour un groove global qui pète les articulations après les avoir rudement chauffées. Et toute une variante d’attaques entre le bulldozer ailé et la délicatesse de la fourbe hyène avançant à pas comptés mais appuyés pour mieux sauter sournoisement à la gorge, les assauts punks et frontaux qui font pisser la jugulaire en un éclair et les marécages de boue que Baratro soulève pour vous recouvrir d’un linceul comme une carapace funeste que la guitare essaye parfois de percer par de fines banderilles pour que la lumière ait sa chance dans ce monde hostile. Mais les six minutes finales perfides et lancinantes de Glutton viennent doucher les minces espoirs. The Sweet Smell Of Unrest est définitivement ce disque noise ultime qui accompagnera la fin du monde.

SKX (14/03/2024)