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humanworth
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Remote
Viewing
Modern Addictions – LP
Human Worth records 2023
Remote Viewing revient et c’est bien le carnage attendu. Du genre
qui se fait pas entendre tous les quatre matins. T’as beau être
prévenu par leur précédent méfait It’s
Better This Way, ça prend à la gorge et ça
la serre de la même façon. En pire et c’est ça
qui est bon.
Modern Addictions dégueule d’une noirceur à
couper au couteau de boucher dans une épaisseur meurtrière
et une rage vicieuse. Leur mélange de noise-rock, post-hardcore,
sludge et tout ce qui est possible de mettre entre lourdeur et lenteur
n’a pas l’apanage de la révolution mais le groupe anglais
le fait avec une rare conviction, comme si la fin du monde était
pour demain. Et un dosage unique entre tous ces éléments
que Wayne Adams a pétri de main de maître avec une bonne
couche de crasse pour que ça colle bien et que le ciment à
effet immédiat prenne parfaitement au piège. Un troisième
album où tout est plus magnifié, broyé, écrasé,
désespéré.
Le groupe londonien a subi deux changements importants. Ed Dudley a remplacé
Nikolai von Stieglitz au chant, Greg Allum est le nouveau batteur et le
quintet en profite pour pousser le bouchon des extrêmes encore un
peu plus loin, densifier l’espace comme si c’était encore
possible avec deux guitares qui tronçonnent, l’impression
que l’horizon est totalement bouché avec cette production
massive qui craque de partout, la basse énorme et ce chant/hurlement
farouche tentant de se frayer un chemin dans ce dédale de pierres
volcaniques. Six titres seulement mais Remote Viewing prend son temps
pour vous soumettre à sa violence, étaler sa toute puissance
qui ne fait pas de quartier mais qui réserve tout de même
des arpèges, des bribes de mélodies, de mini-ouvertures
lumineuses et un sens de l’immensité donnant non seulement
le moyen de trouver de l’air mais surtout une certaine beauté
et profondeur à tout cette funeste sauvagerie. Dont le dernier
morceau, A.B.B.A./ABBA qui n’est pas un hommage à un
célèbre groupe suédois ou alors il est vachement
bien déguisé. Par contre, dans le domaine de la fausse lenteur
dont chaque coup appuyé fait mal et dans la progression/construction
de la compo, Remote Viewing, à l’instar de l’ensemble
du disque, fait bien comprendre qu’il n’est pas un simple groupe
sanguinaire mais que sa vision est bien plus large, complexe, imaginative
et diaboliquement envoûtante bien qu’effrayante. Album colossal,
encore une fois.
SKX (12/04/2023)

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