harat

Harat
s/t – CD
self-released 2022

Le problème avec les groupes basques, c’est la difficulté pour se procurer leurs disques. Ils ne les lâchent pas dans la nature facilement. Ou plus exactement, c’est la difficulté à tout simplement savoir que ces groupes existent. A l’image d’un Lisabo, les groupes basques sont des secrets bien gardés qui ne quittent que (trop) rarement leur pays natal et diffusent de l’information au compte-goutte, fuyant comme la peste les moyens modernes de communication ressemblant en général à des réseaux qui se veulent sociaux (on ne peut leur donner tort totalement).
Harat vient de Bera (Navarre), a sorti son premier album depuis un an et il mérite pourtant d’être grandement connu. Surtout si le mélomane qui sommeille en toi est sensible à un indie-rock audacieux et de qualité de type Ventura ou Unwound. Avec Ibai Gogortza (guitare, chant) en acteur principal d’un trio qu’il a crée après avoir participé à de nombreux autres projets qui ont eux aussi reçu trop peu d’échos en dehors du pays basque (Borrokan, J.I.E.L., Mice, Onddo, On Benito, etc.) et qui est accompagné de Mattin Arbelaitz (batterie) et Iñigo Telletxea (basse), Harat affiche classe et sobriété dans des compos qui n’ont rien de basique et sont régulièrement au long cours. Ou comment paraître classique et en même temps unique. Une fine alchimie, rugueuse et mélodieuse. Ça cogne mais ça ne tend jamais la deuxième joue. Neuf morceaux très travaillés mais ça arrive en bouche limpide et subtilement construit. Nerveux et mélancolique, toujours sur un fil, entre titres entraînants et spontanément accrocheurs comme la triplette d’ouverture Itzala, Hau Da et Laua ou tout en contraste et ambitieux avec les neuf minutes de Utzi et deux compos finales qui s’étalent également, Jostailuak et Muga naviguant entre deux eaux, à l’humeur insaisissables mais constamment et étrangement hypnotisantes. Un disque qui n’a l’air de rien de prime abord mais les parties de guitare souvent très inspirées et ces morceaux qui ne suivent que leur instinct et surtout pas les tendances, à l’instar de ce groupe qui s’en tape bien de ce qui peut se passer autour d’eux, se révèlent d’un goût savoureux, authentiques et fortement captivants.

SKX (06/07/2023)