gaswar
rockishell


Gaswar
Girl Vanishes On Way To Jive Club – LP
Rock Is Hell records 2023

Le nom des protagonistes de Gaswar attire d’emblée l’attention. Paul Erickson (alias Apollo Liftoff) et Jeff Mooridian (Hammerhead et Vaz) et Kevin Rutmanis (Melvins, Tomahawk) mais qui est avant tout et à jamais le bassiste de Cows. On a connu affiche moins alléchante. Mais comme ce n’est pas toujours dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, surtout quand l’ingrédient principal est le rock, la méfiance que j’ai naturel pointait son vilain museau. Et elle a mis quelques écoutes avant de commencer à se dissiper.
S’il fallait absolument raccrocher les wagons, Vaz et dans une moindre mesure Hammerhead se placeraient logiquement en tête de gondole dans la file des affinités. Mais si la fille a disparu sur le chemin du Jive Club et ne dansera plus jamais, c’est parce qu’il existe un air totalement vicié et des recoins confus et étranges sur ce premier album. Girl Vanishes On Way To Jive Club fait tomber une pluie de météorites et de gaz toxiques sur une rythmique en béton. Jeff Mooridian est en forme olympique comme à ses plus belles heures et sert de phare dans la tempête bien qu’il ne soit pas le dernier à souffler sur les braises du désordre. Un disque qui sent le chaos. On sait jamais où va aller le morceau et pas sûr que le trio le sait à chaque instant également. Sans tomber dans le piège de l’expérimental bruitiste se mordant la queue, même si c’est parfois limite comme sur le dernier morceau Father Complex And The Solution Of The Rat Idea, Gaswar prend juste la peine de s’installer au volant et roule sans se soucier de la destination et du code de la route, libre d’aller où le vent le pousse.
Gaswar ne cherche pas à plaire. La guitare est dans ce sens particulièrement zélée pour semer le bordel, répandre une multitude d’effets retors, éviter de faire un riff conventionnel mais triturer son instrument pour le faire couiner à la mort. Idem pour le chant empruntant des voies sans cesse singulières et trafiquées. Ce mélange vénéneux peut s’avérer pertinent. En gros, toute la face A et ses quatre compos, quand Gaswar arrive à se maintenir plus ou moins dans les clous, que la batterie booste merveilleusement la machine et que la dinguerie noise suintant de partout débouche sur de saines secouées bizarres mais convaincantes. Gaswar peut par contre perdre du monde en route et son approche du bruit devenir plus secondaire, en gros toute la face B bien qu’un Midnight At The Bush mette de la bonne volonté, et n’aller nulle part ou pas très loin. Dans tous les cas, la patte iconoclaste de ces trois vieux punks est bien reconnaissable. Pas du genre à marcher là où on leur dire de mettre les pieds mais privilégier le contre-courant et toujours chercher de nouvelles façons d’élaborer son propre bruit. Quitte à ne pas pleinement réussir dans son entreprise.

SKX (06/12/2023)