drunkmeat
atrdr


Drunk Meat
Diagonale Du Vide – LP
A Tant Rêver Du Roi records 2023

Diagonale Du Vide, l’ennui, la solitude, la détresse, se perdre dans le second album du duo bordelais Drunk Meat. Reflets de France. Nos régions ont du talent. Plongée glauque dans la vie ordinaire. Drunk Meat continue de creuser après Plus Ça Va, Moins Ça Va et c’est exactement ça, l’impression que le pire est toujours à venir et qu’il vaut mieux en rire. T’as pas choisi ta belle famille. T’échapperas pas à la chenille sur Silence Lourd. L’humour n’a pas quitté les rivages de la Garonne et fait bon ménage avec le post-punk, aussi sarcastique et noir fut-il à l’instar de l’irrésistible Belle Personne dont le titre-refrain se reprend en choeur. Moi je regrette Mickael Jackson, une belle personne. Le duo utilise et détourne régulièrement, mais pas que, les expressions de la langue française, les phrases toutes faites, les clichés pour construire ses paroles. T’as pas la lumière à tous les étages. T’as été bercé trop près du mur. Ça mord, ça flingue et c’est de plus en plus audible.
Avec Alexis Toussaint à l’enregistrement (dans son antre de La Ferronnerie à Jurançon, la seconde maison du label ATRDR) et Seb Normal au mixage et master, le son de Drunk Meat s’est bonifié, précisé, se fait plus incisif, la boite à rythme tranchante. La guitare en profite également pour tremper ses effluves garage dans le brillant d’une lame de couteau alors que les ondes du synthé ont tour à tour le vent mauvais et lugubre ou provoque un pas de danse incertain comme sur Pic à Glace, reprise francisée de Ice Hatchets de Chromatics sur l’album Plaster Hounds (2004), certifiant à chaque fois à la perfection son rôle détourné de basse pour assouvir le besoin de gravité dans le décor.
Et finalement, si Diagonale Du Vide ne tire pas un trait définitif sur l’aspect froid et distancé de la musique du duo, il présente de nombreuses caractéristiques pour réchauffer l’atmosphère. Méfie-toi des apparences. Ce nouvel album se montre aussi mouvementé avec tout un arsenal de riffs saillants qui claquent, des rythmes implacablement entraînants et tumultueux qui cognent pour rougir les jointures, des salves de morceaux accrocheurs qui frappent juste aux paroles économes méchamment piquantes, du bruit qui coupe et ensorcelle en même temps, un minimalisme de plus en plus riche et électrique. Vous rajoutez une incroyable pochette de Fränek qui sied idéalement avec la musique de Drunk Meat, ardente et rigoureuse, et vous obtenez la confirmation qu’il faut compter sur ce duo.

SKX (25/11/2023)