
cmptrstdnts
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Cheval
De Frise
Fresques Sur Les Parois Secrètes Du Crâne – LP
Computer Students records 2023
Fresques Sur Les Parois Secrètes Du Crâne fête
ses vingt ans. Et qui mieux que le label Computer Students pour souffler
les bougies du second album de Cheval De Frise, lui qui avait déjà
redonné ses lettres de noblesse l’année dernière
au fantastique premier
album sorti à l’époque uniquement en CD tout comme
Fresques. A force de voir cet emballage aluminium – c’est
déjà la huitième réalisation de Cmptr Stdnts
– on pourrait s’habituer à l’inhabituel mais ça
serait fort dommage tant le plaisir de ces rééditions réside
autant dans la musique à proprement parlée que le soin et
la classe de ces pochettes. Un artwork revisité, des illustrations
botaniques extraites du Herbarum Vivae Eicones de Otto Brunfels
(1532) et un livret 12 pages avec des photos prises par le guitariste
Thomas Bonvalet dont la caractéristique est d’avoir été
enterrées (les photos hein, pas le guitariste) en 2007 et déterrées
en 2017 d’où ces tirages très étranges qui sied
à merveille avec la musique de Cheval De Frise. Parce que 20 ans
après, la musique du duo bordelais sonne toujours aussi mystérieuse
et impossible à situer sur l’échelle du temps.
Et l’intérêt de redonner une seconde vie à une
musique, c’est lui donner une seconde chance, lui permettre d’être
redécouverte et apprécier différemment. Je gardais
le souvenir
d’un album pas facile d’accès, abscons sur les bords,
en tout cas bien moins limpide et faste que leur premier jet qui avait
mis tout le monde d’accord. Alors que vingt ans plus tard, Fresques
n’apparaît plus si éloigné de son grand frère,
plus aussi complexe, expérimental et ardu que la mémoire
le croyait. Et le fait que Carl Saff a remasterisé l’album
qui, sur la version CD d’origine (d’après le groupe)
était hors-phase (j’ai réécouté pour
l’occasion, je ne décèle qu’un léger sifflement
dans le fond sur les passages les plus calmes, c’était ça
le problème ? Le pire c’est que je n’avais jamais remarqué
ça alors que j’étais bien moins sourd en 2003) ne change
rien à l’affaire. La guitare électro-acoustique de
Thomas Bonvalet et la batterie de Vincent Beysselance ont certes augmenté
le niveau d’exigence. Les mélodies sont déformées,
cachées mais elles sont toujours là, tortueuses, fragiles,
mélancoliques. Le bouillonnement des notes est au service de la
poésie des compos dont le cœur n’est pas dur à
trouver. Les cavalcades sont épiques, tout comme les silences ou
les sonorités très aiguës du morceau qui a donné
son nom à l’album ou sur Phosphorescence De L’Arbre
Mort. Ou alors c’est l’impression accrue de liberté
et d’éclatement des structures n’obéissant qu’aux
propres règles du duo qui s’est estompé après
deux décennies à écouter ce genre de musique free
et inclassable. Ce qui ne signifie aucunement que cet album a vieilli.
Il est, au même titre que le premier album, hors du temps et des
modes. Il a écrit sa propre partition et elle est magnifique. Merci
à Computer Students de m’avoir dépoussiéré
la mémoire et fait estimer à sa juste valeur un disque qui
retrouve des couleurs.
SKX (16/11/2023)






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