tunic
artoffact


Tunic
Quitter – LP
Exhaling - LP
Artoffact records 2021

Tunic n’est pas réputé pour sa patience. Le trio canadien va une nouvelle fois le prouver avec Quitter, second album incandescent qui ravage tout en vingt minutes chrono et onze offensives incitations au combat rapproché. Avec cette petite pointe de désespoir qui donne tout le sel d’un disque qui autrement passerait trop vite sans toucher les élastiques d’un fil d’intensité qui manque de péter à chaque damnée seconde de ce brûlot punk-noise. Plus une bonne grosse dose d’urgence pour ne pas avoir le temps de trop réfléchir à ce qui se trame. Et surtout une écriture en constante amélioration. Quand on accouche des morceaux qui filent rarement au-delà des deux minutes, il faut être sacrément expert en plus d’une inébranlable confiance en soi pour se montrer perspicace en si peu de temps, tout dire sans se précipiter dans le ravin, trouver les accroches ultimes qui allumeront un incendie sans se brûler et feront le bois des compositions se consumant dans un brasier ne ressemblant pas à un feu de paille.
Le groupe de Winnipeg qui était passé de trio à quatuor pour cet enregistrement (et se retrouvant à deux (David Schellenberg et Dan Uger) après le départ de Rory Ellis et Sam Neal) frappe court, dur et juste. Lourdeur et vivacité. Le curseur qui était déjà en augmentation sur Complexion passe encore un cran au-dessus. Le son est mieux défini et percutant. La basse claque et tricote sévèrement plus d’une fois comme sur l’introductif Apprehension. Tunic attaque bille en tête, ne lâche jamais sa proie, raffûte dans tous les angles, un bombardement assidu avec suffisamment de riffs sifflants, croustillants, malins et d’idées brèves mais manifestes pour que ça passe sans forcer. Et avec le sourire en plus mais la bave aux lèvres. Quitter, un très bon disque de punk régénérant qui lave parfaitement les cervelles embrumées.





Quelques mois plus tôt, Tunic a assemblé tout ce qu’il avait enregistré jusque là et a tout mis sur Exhaling. Ou presque. Il manque Bend, un titre figurant sur un split single avec Conduct. Manque à l’appel également Teeth Showing, un titre sur un split numérique avec Blessed. Et bizarrement, un morceau (Radius) du single Disappointment est passé à la trappe alors que les trois autres y sont. Oubli volontaire ou plus sûrement une erreur puisque ce titre est présent sur la version numérique. Trop de morceaux à entasser sans doute. Vingt-deux au total c’est à dire l’intégralité du premier album Complexion ainsi que les singles Boss et Disappointment donc et Nylon, autre titre qui ne connaissait que les affres du monde virtuel. Et encore, Tunic aurait pu gaver jusqu’à plus soif en rajoutant un enregistrement numérique publié aussi en 2021 sous le nom de Tunnel Vision Eyes et qui était uniquement réservé aux abonnés de leur liste de diffusion. On y trouve les trois morceaux supplémentaires de la version cassette de Disappointment ainsi que six autres dont quatre inédits d’excellente facture. Et justement, les inédits sont le seul intérêt de Exhaling pour les pigeons qui possédaient déjà toute la discographie de Tunic. Suivez mon regard. Le groupe canadien a eu la gentillesse d’intégrer trois inédits, les trois premiers ouvrant Exhaling, histoire de trouver un lot de consolation. A part ça, Exhaling, c’est l’autoroute grande ouverte aux assauts répétés, voir répétitifs sur la longueur, pour Tunic, un groupe très prolifique de plus en plus à l’aise en société.

SKX (04/01/2022)