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Stander
Vulnerable – LP
The Garrote records 2022

Trio instrumental originaire de Chicago, Stander publie Vulnerable, second album d’un groupe qui avait publié sa première démo en 2014. Stander prend donc son temps et après un premier disque en 2019 (The Slow Bark, uniquement en cassette), Stander passe la surmultipliée et gravit subitement plusieurs échelons dans l’impact que leur musique peut avoir sur nos pauvres neurones pourtant déjà abondamment bombardés par tout ce qui est noise-rock/post-metal qui se passe de chant.
Mais Derek Shlepr (basse), Mike Boyd (guitare) et Stephen Waller (batterie) aiment se lancer des défis et brouiller les pistes. Ils ont commencé par mettre toutes les chances de leur coté en confiant l’enregistrement à Seth Manchester (Lightning Bolt, Daughters, E, Big Brave, Metz, on ne compte plus tous les groupes qui ont eu la chance de passer entre ses mains et oreilles expertes) pour un son qui a tout de suite gagné quelques centimètres d’épaisseur, consistance et retentissement. C’est dense et ça sonne magnifiquement limpide. Il fallait bien ça pour démêler tout ce que Stander balance dans sa marmite en constante ébullition. Chevauchées sur l’extrémité de la queue du noise-rock, celle qui est la plus sauvage et décérébrée comme quand Don Caballero et A Minor Forest larguaient les amarres. Accalmies post-rock époque Slint-Rodan-Codeine quand la tension savait se cacher pour mieux s’exposer et décrocher de douces et mélancoliques mélodies. Freeture noise quand la règle de trois est largement dépassée, la binarité un gros mot et que Stander ne jure plus de rien. Grosses branlées qui foncent dans le tas et que le trio montre son visage le plus (post) metal pour alourdir conséquemment l’ambiance et quasi frôler le black quand le batteur est en feu (de l’enfer bien sûr). Pour revenir à un noise-rock plus angulaire et arithmétique. Ça fait beaucoup décrit comme ça mais en six compositions dont certaines prennent leur temps pour se développer sans en abuser, Stander tire son épingle du jeu car les idées sont claires et les constructions entre les différentes parties se combinant bénéficient de suffisamment d’huile pour que ça coulisse tranquille. Et surtout, Stander met tout son cœur dans des moments colossaux où ça turbine à fond les gamelles sans se poser de question, la ligne droite semblant ainsi leur meilleure amie avec la politique de la terre brûlée, un déchaînement de violence autant méchamment épique que viscéralement féroce qui donne toutes ses lettres de noblesse à Vulnerable qui pour le coup ne craint personne.

SKX (24/06/2022)