rougegorgerouge

Rouge Gorge Rouge
Quatre – CD
Self-released 2021

Quatre parce que c’est le quatrième album du groupe bordelais. On pourrait croire à un manque d’inspiration mais ça concerne uniquement le titre. Rouge Gorge Rouge, on commence à le connaître l’oiseau. Et ce nouvel enregistrement ne dépareille pas dans la collection que le quatuor s’est solidement créé depuis 2011. Une évolution constante pour désormais voler au-dessus d’un territoire que l’on cerne beaucoup mieux. Et si la surprise n’est plus de mise, Rouge Gorge Rouge persiste et signe dans la lignée de Nash. Tout en étant subtilement différent, sinon ça serait trop simple. Comme un parfum qui flotte et ne dit pas son nom où le psychédélisme acide et tourbillonnant du groupe se diluerait légèrement au profit d’une approche plus rock, directe et sombre sur les bords avec un son plus précis et ordonné. Mais je ne jure de rien. Entre déluge finement noisy avec une guitare piquante dans un registre aigu, dissonances corrosives et pulsations rythmiques marquées, RGR continue de maltraiter son indie-rock et l’emmène dans son univers qui finit par ne ressembler à personne d’autres. Un groupe capable de placer deux belles banderilles qui fument (Kill My Friends et The Digger), explosives et mélodiques à chaque fois, c’est grésillant et chaleureux, ça matraque et c’est foutrement entraînant. Capable également de vous bercer étrangement dans un champ expérimental, un monde parallèle avec une batterie et des percussions amenant toute leur science pour ne plus toucher terre (Finger), de longs dérapages azotés qui ne sont toujours pas faits pour que les pieds retombent sur le sol tout en maintenant une pression constante grâce à une dynamique rythmique qui s’enflamme (Hara Hora), un alliage que RGR manie à nul autre pareil. Alliage qui peut donner des versions plus mesurées et tranquillement oniriques et splendides sur (My) Evolution, une transe tout en douceur mais pas sans consistance, ce à quoi pourrait aussi prétendre Disappear. Quatre, le chiffre de la stabilité et de l’équilibre, synonyme d’un disque résumant parfaitement la quintessence de Rouge Gorge Rouge et qui les installe durablement dans un paysage sonore qui regrettera un jour de ne pas avoir parlé plus souvent de ce groupe qui en est réduit à sortir son disque par ses propres moyens.

SKX (30/01/2022)