openhead
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Open Head
Joy And Other Sufferings – LP
I’m Into Life records 2022

Joie et autres souffrances parce qu’on est jamais à l’abri d’être trop heureux. Manquerait plus que ça. Tenez, prenez le disque de Open Head. Si vous pensiez un jour qu’un groupe capable de marier Trumans Water, Polvo et US Maple n’était pas prêt d’exister et bien pas de chance, ce groupe vient de naitre. C’est vraiment dur le bonheur. Et puis ce qui est bien, c’est qu’il est sûrement possible de mettre d’autres références à la place de ces trois groupes, surtout si ça vient des années 90 et de toute la riche scène noise-rock américaine. Le bonheur est généreux et pense à tout le monde.
Si bien que Open Head, groupe de Kingston (New-York), devient bien plus insaisissable qu’il n’y paraissait. La grande force de Joy And Other Sufferings réside dans sa capacité à troubler les pistes, diversifier ses humeurs, offrir un grand feu d’artifice agité semblant partir dans tous les sens et libre d’aller exploser là où il veut sans jamais perdre le fil et son rayonnement, synthétiser plusieurs styles tout en conservant une étonnante logique et une belle efficacité. Le disque débute et termine par deux improvisations instrumentales live. Tumultueusement en équilibre et fracassée pour Joy. Longuet, tranquillement free et un peu vaine pour ...And Other Sufferings, seul bémol d’un disque affriolant pour tout ce qui se passe entre ces deux compos. Un premier album tout en éclat de verre, virevoltant, coupant, anguleux, habilement désordonné avec des fulgurances qui frappent durement et fortement. Et des titres qui conjuguent tous ces qualificatifs en même temps comme Phenom dont le début pourrait évoquer Arab On Radar avant de couper court à toutes rythmiques entraînantes et guitares cisaillantes pour s’envoler sur une seconde partie instru psychédéliquement noise plongeant dans une torpeur bizarre. Les cinq minutes de Grief sont également pleines de reliefs et de parties s’imbriquant subtilement. No-wave, passages angoissants, rebondissants ou bruitistes se succèdent à l’instar de l’ambiance générale d’un groupe qui aime évoluer sur le fil de l’impro, du chaos, de structures narratives et l’expérimentation sans jamais oublier qu’à la base, il est un groupe de rock. Rage, tension, accords plus dissonants avec un soupçon de mélodies, chant en mode parlé sont aussi accrochés à leur panoplie. La joie est à ce prix. Et elle est extrêmement convaincante.

SKX (30/03/2022)