easyprey
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Easy Prey
Unrest – LP
Hellminded records 2022

Ce disque sent l’émeute, le combat rapproché et les sirènes hurlantes. Unrest. Frapper fort, dur et rapidement. Et taper contre les injustes et les inégalités. Ça, c’est le boulot de Easy Prey. Retrousse tes manches, ça va suer une bonne demi-heure.
C’était déjà le cas avec le précédent six titres Relentless Struggle. La dose augmente. Toujours une histoire de lutte. Et toujours une histoire de noise-rock hybride avec un chanteur (Chris Moynan) apportant une touche hardcore, dont la façon de hurler et d’insuffler de la tension rappelle sérieusement Tim Singer. Oui je sais, c’est facile puisque Tim Singer est invité à pousser sa gueulante sur Ethical Drift. Mais il a fallu lire les notes du disque pour s’en apercevoir tant son timbre de voix est proche de celui du chanteur de Bitter Branches. On ne va pas s’en plaindre.
Et ce n’est pas le seul point de comparaison entre les deux groupes. Musicalement, Easy Prey aime aussi son noise-rock très tendu, sans superflu, lourd, puissant et puisant autant dans le post-hardcore que l’environnement hostile nourrissant sa colère et ses textes engagés. Mais comme le suggère le premier titre, The Outcome, Not The Influence, c’est le résultat qui compte. Qu’importe les influences, Easy Prey s’en sort haut la main. Et le guitariste Cole Stockton contribue largement au fait que le groupe d’Austin se démarque de la meute vociférante. La rythmique est solide, sait bûcheronner le sol de son empreinte. Difficile de passer outre le chant, fort d’une présence constante et fournissant parfois cette impression de bloc (trop) homogène. Mais la guitare, c’est un cran au-dessus. Les idées brillantes et le piment, les subtilités et les plans atypiques, le petit accord mélodique qui obsède ou qui écorche à faire saigner. Bref, tout ce qui amène les compos dans une sphère supérieure et donne envie de revenir s’y frotter encore et encore à l’instar de A Reconciliation.
Et puis cette manière de jouer avec la tension et l’urgence. Easy Prey n’est jamais aussi intéressant que lors des passages (et ils sont nombreux) voir des morceaux en intégralité moins frontaux et abrupts, quand le quatuor joue avec nos nerfs, quand il suggère la violence, provoque l’agression quand on ne l’attend plus. Unrest n’est même que ça. Un trouble qui monte lentement mais vous prend sûrement aux tripes. Une agitation calculée, sûr de son fait, ne montant pas sur les barricades la baïonnette en avant. Et le résultat, au-delà des influences manifestes, est plus que probant.

SKX (08/12/2022)