thedeadspace
12xu


The Dead Space
Chlorine Sleep – LP
12XU records 2021

Ce disque est la preuve qu’il ne faut jamais laisser en sommeil des fichiers encodés sur le disque dur de son ordinateur en pensant qu’on y reviendra plus tard. C’est pourrissement assuré. Par hasard, Chlorine Sleep est revenu dans les radars un an plus tard après sa sortie (bien que le vinyle ait dû attendre novembre pour voir la lumière du jour) et il a tout de suite déclenché la sonnette d’alarme.
Un trio d’Austin avec la batteuse Jenny Arthur (Lung Letters), Quin Galavis (basse, chant) et Garrett Hadden (guitare) qui publie son second album sept ans après le premier Faker alors que le groupe existe sous forme de duo et avec une boite à rythme depuis 2008. The Dead Space, pas du genre à brûler la chandelle par les deux bouts. Mais tout le temps nécessaire pour tisser sa toile, durcir le ton et s’affirmer. Sorte de punk-rock froid d’extérieur mais irrésistible à l’intérieur, entre le charme rock inné d’un Xetas ou l’aisance mélodique qui paraît si simple de Meat Wave (notamment sur le titre éponyme), un aspect plus post-punk et sec à la Spray Paint, le dynamisme constant de Stuck et comme si cela ne suffisait pas, une coloration parfois plus swamp, plus blues sur une poignée de morceaux noirs luisant entre chien et loup comme les très beaux No Harvest et True Shame (avec l'ajout d'un violon), quand la respiration se fait plus précieuse et tragique.
Bref, d’une apparence assez classique où les références fusent (Joy Division doit sûrement figurer en bonne position dans leur liste intime), on se retrouve vite fait bien fait avec un disque finaud, mordant et sensible. The Dead Space se loge entre plusieurs zones qui ne sont pas mortes, s’agitant avec brio dans des courants usités que le trio maintient à flot avec entrain et fraîcheur. Le son cogne, mat, précis, délié, implacable, la vague de chaleur ne se diffusant que dans un second effet tortueux. Chaque titre vaut le détour grâce à un beau talent d’écriture. Ça s’impatiente autant que ça lève le pied à bon escient mais toujours tendu comme une élastique (comme l'excellent Shivering). The Dead Space y met toute sa fougue, sa conviction, sa passion, ses fêlures dans un album remarquable qui ne méritait vraiment qu’on le laisse en sommeil, même de chlore.

SKX (26/05/2022)